BENABOURA Hacène 1898-1970.
Artiste modeste et attachant, à la fraîcheur de style et à la spontanéité inimitable Hacène Benaboura est né à Belcourt, quartier de Mustapha, alors périphérique d'Alger.
Après une courte scolarité il entra à la Manufacture d'allumettes du Hamma. Après avoir participé à la première guerre mondiale, Benaboura devint peintre en carrosserie automobile. Ses promenades dominicales au Jardin d'Essai lui firent découvrir les peintres Noiré et Ortéga qui à cette époque y posaient régulièrement leurs chevalets.
Benaboura, qui très jeune dessinait déjà, se mit à les imiter et multiplia ses toiles. De longues années passèrent et ce n'est qu'après le débarquement anglo-américain de novembre 1942 que le peintre fut arraché à l'obscurité. L'épouse d'un sénateur français Paul Cuttoli sut l'encourager et organisa en 1944 une exposition.
En 1946, René Famin présenta Galerie du Minaret la 1ère exposition consacrée au " fils d'Alger ", une autre des signatures de Benaboura. Celui-ci révélait au grand public une totale authenticité qu'aucun enseignement n'était venu altérer. Insouciant de la technique, Benaboura peignait un univers sans angoisse et pouvait se permettre les plus étonnantes audaces. Certaines de ses oeuvres étaient de véritables chefs d'œuvre de poésie et de délicatesse. Paysagiste au graphisme fin et ravissant, Benaboura affectionnait les scènes de rue mais aussi le Port d'Alger qu'il ne cessa jamais de reproduire sous différents points de vue. Ses compositions, parfois inégales, mais avec de nombreuses et brillantes réussites devinrent très recherchées par les amateurs et les collectionneurs. La naïveté enfantine, géniale, du " Douanier Rousseau musulman ", le talent de l' " Utrillo spontané d'Alger " étaient enfin reconnus.
En 1954, Benaboura rata de peu le Grand prix artistique de l'Algérie. Il fut classé en deuxième position. L'année suivante le Prix Aletti lui fut décerné puis plus tard l'artiste eut la fierté de se voir confier les fresques de la nouvelle école de Belcourt (Rue des Mûriers) dans le quartier qu'il n'avait jamais quitté.
Ces honneurs, ces distinctions n'affectèrent en rien la vision et la manière de vivre du paisible Hacène. Il continua, imperméable à toutes les modes, à faire défiler sous ses pinceaux les différents quartiers de sa ville. Se tenant à l'écart durant la guerre d'indépendance et en retrait après la victoire du peuple algérien, Benaboura décedera en 1970.
John Franklin.