Des lutteurs stars ont fait des paris douteux en liens avec la mafia. Du coup, la télé ne retransmettra pas leur tournoi.
Tokyo. De notre correspondant
Depuis quelques jours, le monde du sumo est dans tous ses états. Secoué par un scandale sans précédent de paris clandestins, le sport roi au Japon va carrément être privé de direct. Sous la pression de téléspectateurs excédés, la chaîne NHK a décidé de ne pas diffuser le tournoi de Nagoya qui débute ce dimanche, une première dans l'histoire de la télé publique.
Tout part d'une sombre histoire de paris illégaux sur des matchs de base-ball impliquant des lutteurs engagés dans le championnat. Parmi eux, Kotomitsuki, 34 ans, oseki de son état, le grade le plus élevé pour un sumotori après celui de yokozuna, le titre suprême. Rapidement, la police fait le lien entre ces paris douteux et les yakuzas, la mafia japonaise.
Viré comme un malpropre
En pariant massivement via des intermédiaires liés à cette mouvance, Kotomitsuki aurait perdu de fortes sommes. Le lutteur aurait même fait l'objet de tentatives d'extorsion : la presse nippone parle d'un chantage à plus d'un million de dollars.
Bien que victime dans cette affaire, Kotomitsuki est viré comme un malpropre. L'image du sumo est salie, il doit payer pour les autres. Dans sa chute, il entraîne un des responsables de son écurie : fortement endetté, l'homme avait emprunté des fortunes à son poulain pour se refaire.
Stupéfaits par de telles révélations, les Japonais crient leur colère. À Nagoya, Kotomitsuki était un peu l'enfant du pays, la fierté locale. Aujourd'hui, ses fans n'ont plus le moral. Par dizaines, ils se font rembourser leurs tickets. Eux non plus ne verront pas le tournoi.
Vincent TOURAINE in Ouest-France