……….Cet homme le chanteur à la voix d’or, sera l’instrument du véritable bouleversement que subira la civilisation de l’l’Espagne musulmane.
L’illustre chanteur devint rapidement un intime de l’émir, ce qui était exceptionnel pour un homme de son rang, Abdar Rahman appréciait la conversation du musicien, sa culture, ses connaissances dans tous les domaines. Celles-ci étaient immenses, bien faites pour charmer un homme aussi délicat qu’Abda Rahman. Celui-ci créa à Cordoue une école, un conservatoire où l’en enseignait suivant les méthodes de Zyriab -le luth à cinq cordes notamment- qui exercèrent une grande influence dans le domaine musical par son système de notation inscrit sur les luths, guitares et instruments de la même famille, qui donnait au musiciens un moyen sûr de trouver les hauteurs de ton et n’avoir plus à se fier seulement à son oreille. Zyriab introduisit aussi en Espagne la cithare et le chant médinois – qui devait inspirer le le canto jondo.
Excellent poète, Zyriab avait aussi étudier l’astronomie et la géographie, ce qui intéressait l’émir au plus haut point. Il savait par cœur, disait-on, plus de dix mille chansons.
Plus encore que son immense savoir, ce qui frappait en lui, c’était son esprit, son goût, l’extrême élégance de ses manières. Causeur étincelant, il avait comme innés le sens de la beauté, de l’art, le goût des beaux vêtements, des beaux objets. Ses manières étaient à la fois simples et distinguées. Il introduisit des changement considérables dans le mode de vie de la haute société de Cordoue et des grandes villes. Ce qui restait des habitudes syriennes fut rapidement balayé. Bagdad triompha partout. On ne porta plus les cheveux longs et séparés mais coupés en couronne autour de la tête.
On se mit des déodorants sous les bras. Les vases d’or et d’argent, les nappes de lin furent bannis au profit des nappes de cuir et des verres de cristal. Zyriab décréta qu’on s’habillerait au printemps de couleurs vives et claires, l’été de blanc et l’hiver de fourrures et de manteaux ouatés. Le nom de Pétrone vient évidement sous la plume.
Par zyriab se répandirent en Andalus d’autres jeux, d’autres coutumes aussi, la plupart venus de la Perse, la célébration de la fête du Naurouz (jour de l’an), les régates totalement inconnues du fait que les arabes détestaient l’élément liquide. …..
source: L'Espagne musulmane d'André Clot