Un poème car à tout il faut un commencement

Nulle traduction n'est parfaite. Mais ton effort est parfait, bravo !

J'ai voulu avoir mon petit bouquet de poésie arabe traduite dont el kahwa wa lathey ET LAHMAM d'el anka

http://www.inlibroveritas.net/lire/feuilletage/oeuvre8495-page14.html#page


http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&cd=15&ved=0CGAQFjAO&url=http%3A%2F%2Fwww.okbob.net%2Farticle-4533400.html&rct=j&q=nadia%20benyoucef&ei=HQDhTIGPC4PAswaKnsyVDA&usg=AFQjCNHt251Rx1-FASQ7mx42Uz_S19vpLQ&cad=rja

Désolée, j'ai un peu dévié le fil mais disons que la langue de Molière est riche de ses gardiens littéraires, celle de Mohamed(s3ws) a son lot également.
Merci de me faire découvrir ce beau texte.

Merci de ta lecture et sur ces musiques, je te souhaite une douce nuit.

Carte d'identité
de Mahmoud Darwich

Inscris !
Je suis Arabe
Le numéro de ma carte : cinquante mille
Nombre d'enfants : huit
Et le neuvième... arrivera après l'été !
Et te voilà furieux !


Inscris !
Je suis Arabe
Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine
Et j'ai huit bambins
Leur galette de pain
Les vêtements, leur cahier d'écolier
Je les tire des rochers...
Oh ! je n'irai pas quémander l'aumône à ta porte
Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais
Et te voilà furieux !


Inscris !
Je suis Arabe
Sans nom de famille - je suis mon prénom
« Patient infiniment » dans un pays où tous
Vivent sur les braises de la Colère
Mes racines...
Avant la naissance du temps elles prirent pied
Avant l'effusion de la durée
Avant le cyprès et l'olivier
...avant l'éclosion de l'herbe
Mon père... est d'une famille de laboureurs
N'a rien avec messieurs les notables
Mon grand-père était paysan - être
Sans valeur - ni ascendance.
Ma maison, une hutte de gardien
En troncs et en roseaux
Voilà qui je suis - cela te plaît-il ?
Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom.


Inscris !
Je suis Arabe
Mes cheveux... couleur du charbon
Mes yeux... couleur de café
Signes particuliers :
Sur la tête un kefiyyé avec son cordon bien serré
Et ma paume est dure comme une pierre
...elle écorche celui qui la serre
La nourriture que je préfère c'est
L'huile d'olive et le thym


Mon adresse :
Je suis d'un village isolé...
Où les rues n'ont plus de noms
Et tous les hommes... à la carrière comme au champ
Aiment bien le communisme
Inscris !
Je suis Arabe
Et te voilà furieux !


Inscris
Que je suis Arabe
Que tu as rafflé les vignes de mes pères
Et la terre que je cultivais
Moi et mes enfants ensemble
Tu nous as tout pris hormis
Pour la survie de mes petits-fils
Les rochers que voici
Mais votre gouvernement va les saisir aussi
...à ce que l'on dit !


DONC


Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n'ai pas de haine pour les hommes
Que je n'assaille personne mais que
Si j'ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare ! Gare ! Gare
À ma fureur !

Un très beau poème cher Admin que vous mettez là et d'ailleurs à sa mort j'ai écrit ce texte:
Les mots que tu as laissés, poète

Quand un jour poète ton corps sera un amas de poussière
Quand loin de la lumière
Chaque parcelle se soulèvera en mots dits
Des mots offerts à des fines ouïes
Et qu'auras-tu dit homme ?
Que la terre est un présent à tous
Que jamais l'homme ne peut se nourrir de haine?
Qu'auras-tu écrit sur les parois du temps,
Dans la tête petite et éveillée de l'enfant,
Pour donner une image d'un monde décent,
Que c'est en se serrant la main
Qu'en se serrant les coudes qu'on s'aime à la fin
Qu'on se partage et que personne n'aura faim!
Qu'auras-tu dit pour ne laisser à la mort nul chemin,
Qu'elle ne tombe en pluie sur des terres faibles ou endormies?
Car à ce moment là, tes mots te reviendront en soldats
Te feront face, ils seront des témoins non néfastes
D'un homme mort au combat pour la paix et la vérité.

Fialyne

ya3tik essaha Fialyne !

Ton poème est beau aussi et très vrai.

Merci Rawya et Admin, baraka Allah fikoum

Très beau poème
Voici un autre de Fialyne_(MOA) extrait de mon livre : La feuille rouge du saule pleureur :



Le retour des roses



Aux sons tambours des cœurs
Passent oppressantes les heures
Dans le jour qui fuit puis bascule
A l’instant crépuscule.

Souffle un vent peu sage
Ses notes plaintives aux nuages
Couvrant ainsi les lumières
D’un firmament en prière.

Et de l’enveloppe grise
Tombent soudain en crise.
Ces fines larmes
Qui la terre alarme.

Pleurante, l’ondée impose
Son ordre au paysage morose.
Et de dessous les feuilles mortes
Renaissent des roses plus fortes



Fialyne le 17/01/2008

Compliments pour ces beau vers, sauf en v5 où l'image aurait pu être plus belle.

Merci.
v5 :
Souffle un vent peu sage
Qu'auriez-vous vu comme image? Vous avez une idée?
Là vous avez la description de l'hiver d'où la tristesse du paysage et les sifflements du vent.

Justement, c'est l'image "peu sage", qui s'articule moins avec la description qui elle demeure pertinente.
Pour ma part au vu de "des voix plaintives", je verrais bien un vent mélancolique, souffrant ou désespéré.

Sabbah el kheir
C'est parce que c 'est une métaphore. Ce poème revêt une double lecture. Ainsi peu sage est furieux, violent comme peut l'être le vent dans sa colère.

Merci de votre approche de texte qui m'est importante.

Sabah el nour, tiens ça serait bien d'avoir un vent qui ne souffre pas mais fait souffrir, les "voix plaintives" seraient donc celles d'autres éléments. C'est des avis bien-sûr.

Admin a écrit:

Sabah el nour, tiens ça serait bien d'avoir un vent qui ne souffre pas mais fait souffrir, les "voix plaintives" seraient donc celles d'autres éléments. C'est des avis bien-sûr.

Mais non, s'il y a un adjectif possessif 'ses' , la possession revient au vent. Il souffle ses notes plaintives aux nuages;
Le manque de sagesse peut-être un manque de perception aussi qui se développe en colère car due à une souffrance à la base qui s'exprime soit par un silence soit un bruit d'où les notes plaintives.
Je ne peux vous expliquer mon poème dans l'instant de sa création et je vous laisse rebondir à votre façon car l'objectif d'un poème est de ne pas être décrypté de prime à bord et ce, il ne revient pas à l'auteur de donner le décryptage. Capito?
Belle journée à vous

Ce n'est pas le "décryptage" que je visais, c'était une nouvelle proposition. Pareillement.

Haya ya akhi, je vous fais un beau sourire mouhtachim mais radieux, comme le veut la nature.

Merci

LORSQUE JE SENS MON FANTÔME FUTUR
de Gastón Baquero

Lorsque je sens mon fantôme futur

sous le déguisement de ce corps où je loge,

je ne sais jamais trop si je vis ou je meurs

et si je suis une ombre ou si corps j'ai été.



Je marche dans la ville, je la reconstruis

jour après jour, lorsque je la contemple en vain;

et puis je la reperds, et me voilà qui fuis

en protégeant ma rêverie avec ma main.



Je me heurte à moi-même et je me reconnais

tout rempli par la mort et tout d'ombre bâti;

je ne suis plus, je sais, j'interroge et n'obtiens



rien d'autre que de savoir que je ne sais rien

de ce mort à venir qu'aujourd'hui je conduis

sous le déguisement de ce corps où je loge.

(Poèmes 1942)

et puis je la reperds, et me voilà qui fuis
en protégeant ma rêverie avec ma main.
C'est touchant.

Une fable pour changer :

Ma langue au chat

Un chat d'une santé moins épanouie
Malade et ayant au ventre mal
Se dirigea vite vers un proche hôpital
Faible déjà, sur le seuil s'évanouit

Fort humain, se dépêcha vers lui un infirmier
L'observa l'œil inquiet, le mit dans un panier
Et courut en urgence lui faire un dossier
Sachant que les chats et les chiens sont des alliés

Qu'arrive-t-il donc à notre beau chat siamois
Né sur une terre noble pas trop loin de Troie ?
Allons donc, faisons une radio de suite
Voir si dans ses tripes il n'y a pas de fuite

L'écran montra alors une pièce bizarre
Non pas une souris dégustée en tout art
Mais un morceau de chair humaine
Coincée dans le ventre pressant les veines.

La découverte zoomée au maximum
Exposa une langue d'homme en somme :
Mais qui lui donna une telle nourriture ?
Il faut extraire vite et faire des points de suture !

Le chat se réveilla doucement de l'opération
Sous le regard de son sauveur en interrogation:
"Peux-tu me répondre mon pauvre chat confiant
Pourquoi l'avoir avalée sans en être un peu méfiant ?

Je passais disait le chat étourdi encore
Quand j'entendis "je donne ma langue au chat"
Que déjà au fond de ma gorge elle s'enfonça
Me causant avec son goût salé et amer tous ces torts

Sachez mes amis que la langue est porteuse de mots,
En dépendent les soins qui déclenchent joies ou maux
Que le corps rejette si éjectés en venin ou en fiel
Ou l'absorbent au plaisir de son vrai goût de miel


Le mot juste et doux à bonne ouïe est une charité

wal kalima ettayiba saddaqua

Fialyne