L'écrivain Amin Maalouf élu à l'Académie française
in L'Humanité 23 juin 2011
Il succède ainsi à la place douloureusement laissée vacante par le décès de Claude Lévy Strauss, le fauteuil n°29.
Que ce grand écrivain franco-libanais ait un siège à l’Académie française, c’est presque une évidence. Et ce malgré son relatif jeune âge, 62 ans, il fait figure de jeunot parmi les vénérables plumes du quai Conti. Sa place n’était pas non plus acquise. Le philosophe Yves Michaud, créateur de l’Université de tous les Savoirs, était également candidat. Rien n’est perdu pour lui, deux sièges restent à pourvoir, ceux précédemment occupés par l’historienne Jacqueline de Romilly et l'écrivain Jean Dutourd, tous deux disparus l’hiver dernier.
Amin Maalouf est l’auteur de nombreux romans importants, historiques, d’inspiration orientale. S’y mêlent au fil des histoires rencontres entre Orient et Occident, à des époques de tolérances ou de mythes. Emigré de la guerre civile libanaise, le voyage, l’étranger, la discrimination et une forme de nostalgie sont des thèmes récurrents chez lui.
Il a d’ailleurs remporté en 1993 le prix Goncourt pour «Le Rocher de Tanios». Patrick Apel-Muller en disait à l’époque : « Ce roman - dont il faut encore une fois souligner la construction subtile - baigne dans l'univers des symboles et des images, religieux et humanistes, qui avivent les nostalgies d'un Liban d'antan. […] Ce conte du rocher de Tanios approche au plus près l'essence de cette montagne libanaise, d'où l'on rêve et où l'on passe, terre de mémoire cruelle et de parfums. »
Il est également l’auteur de plusieurs essais remarquables, comme Les Croisades Vues par les Arabes, ou encore "Les identités meurtrières". Ouvrage dans lequel il tente « d’apprivoiser la bête identitaire ». Car comme l’écrivit Jacques Coubart à propos de cet ouvrage, les obsessions identitaires, "leur recherche, face au mépris de l'autre, face au repli sur des valeurs archaïques, a conduit et conduit à des conflits barbares, à des génocides. Un livre passionnel à l'heure où une conception hégémonique, marchande de la mondialisation allume des mèches sous des barils de poudre dont hérite le troisième millénaire."