Sondage | | Quel est le meilleur écrivain algérien ? | Mohammed Dib | | 14% | [ 186 ] | Malek Haddad | | 6% | [ 75 ] | Kateb Yacine | | 13% | [ 168 ] | Mouloud Mammeri | | 10% | [ 131 ] | Mouloud Feraoun | | 12% | [ 153 ] | Assia Djebbar | | 6% | [ 76 ] | Tahar Ouettar | | 4% | [ 55 ] | Abdelhamid Benhadouga | | 5% | [ 60 ] | Rachid Boudjedra | | 5% | [ 59 ] | Rachid Mimouni | | 5% | [ 67 ] | Yasmina Khadra | | 11% | [ 137 ] | Maissa Bey | | 5% | [ 59 ] | Ahlem Mosteghanemi | | 6% | [ 78 ] |
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| | Un poème car à tout il faut un commencement | |
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+16Sameera16 TOUT LE MONDE Lem Rima Taria Sapiens Rosa Moula Azzou25 PINK Chant_des_Oiseaux Nadya Princesse Fuego Melissa Petite brise Admin 20 participants | |
Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Jeu 20 Oct - 15:23 | |
| Il faudrait peut-être traduire pour ceux qui ne comprennent pas l'arabe. Merci Moula |
| | | KariM Esthète
Localisation : Alger centre Réputation : 0 Inscrit le : 09/01/2009
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Jeu 20 Oct - 18:18 | |
| A un passant
Mon cher enfant que j’ai vu dans ma vie errante, Mon cher enfant, que, mon Dieu, tu me recueillis, Moi-même pauvre ainsi que toi, purs comme lys, Mon cher enfant que j’ai vu dans ma vie errante !
Et beau comme notre âme pure et transparente, Mon cher enfant, grande vertu de moi, la rente, De mon effort de charité, nous, fleurs de lys ! On te dit mort… Mort ou vivant, sois ma mémoire !
Et qu’on ne hurle donc plus que c’est de la gloire Que je m’occupe, fou qu’il fallut et qu’il faut… Petit ! mort ou vivant, qui fis vibrer mes fibres,
Quoi qu’en aient dit et dit tels imbéciles noirs Compagnon qui ressuscitas les saints espoirs, Va donc, vivant ou mort, dans les espaces libres !
Paul Verlaine
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| | | Moula Fée
Age : 38 Localisation : Alger Qualité : Modératrice Réputation : 70 Inscrit le : 22/12/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 21 Oct - 12:14 | |
| - Fialyne a écrit:
- Il faudrait peut-être traduire pour ceux qui ne comprennent pas l'arabe. Merci Moula
Inchallah | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 21 Oct - 17:19 | |
| Elévation
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde, Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides; Va te purifier dans l'air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'élancer vers les champs lumineux et sereins;
Celui dont les pensées, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, - Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes!
Charles Baudelaire
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| | | Lem Esthète
Age : 77 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| | | | Invité Invité
| Sujet: La femme de Sapho Lun 24 Oct - 9:33 | |
| Au 21ème siècle, la poésie sera féminine ou ne sera pas. Du 8 au 21 mars, Terrafemina accompagne le Printemps des poètes pour sa 12e édition en publiant les rimes de celles qui font vivre la poésie contemporaine.
Printemps des poètes : La femme par Sapho
LA FEMME
Il l’encercle de mots pour la produire Elle n’a pas de mots pour se dire Il dit qu’elle est son continent noir Elle une ombre un creux une oreille des yeux Elle l’a encerclé un jour de ses bras Pour contenir son discours et qu’il parle Aujourd’hui vertige Car vient La parole de la femme Dans la femme il y a l’homme Dans l’homme il y a la femme il y a l’enfant Il s’érige quand elle l’entend Elle s’ouvre quand elle parle Elle brise un grand secret Ils ont peur de ce moment Il y a le gant il y a le doigt Ils se retournent Il implore sa joie de se dresser Elle dit à ses bouches de le cueillir Ils sont deux à l’exercice éblouissant Qui de l’homme sera l’homme Qui de la femme sera l’homme L’un ou l’autre Ils jouent au bord d’un étrange air connu En éventail dans la chaleur du combat La femme Pardonne-moi l’homme Je ne pourrai jamais te l’expliquer Je ne me connais pas À chaque lune oui j’ensanglante la terre À la lune je suis accordée L’homme peut frapper la femme Elle ne peut que le tuer Elle n’a droit qu’à un geste Il y a cet homme qui parle mieux des femmes Que les femmes Tout l’afflige et lui nuit et conspire à lui nuire Ah si quelqu’un les a entendues c’est ce Jean-là Une Grecque éperdue
Où suis-je qu’ai-je fait que dois-je faire encore
L’homme fait l’homme La femme fait la femme Où va-t-elle ainsi comme son travesti ? Elle arrive elle marche douce panthère Elle glisse des hanches des regards des mines Mais elle pense à part Elle jette des yeux à terre Elle réveille la langue, L’étrangère.
Son habit fatigué élégant, l’habit de l’homme C’est le trouble de la femme Lui aux lueurs de tabac Son sourire en péril À lui ses collines blanches Elle a ri pour le foudroyer J’ai hissé haut l’image De la femme qui parle Mais elle se tait.
Touche-moi Et je me connaîtrai encore. Mais quand tu me nommes tu me perds Alors n’en parlons plus Pour l’instant ?
Sapho |
| | | Lem Esthète
Age : 77 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Lun 24 Oct - 13:27 | |
| Une citation de J. Brel pour illustrer ce poème (Sapho ce que Sapho...)
Les hommes ne disent que des bêtises quand ils parlent des femmes.
Par contre les femmes ne disent pas toujours des sottises quand elles parlent des hommes.
[Jacques Brel] | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Lun 24 Oct - 14:18 | |
| Pour la simple raison c 'est que l'homme pousse dans leurs ventres, chose qu'une fois fort, il l'oublie. Merci Lem du bon sens, ta correction et ta droiture. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Soirée en mer Sam 29 Oct - 23:55 | |
| Soirée en mer
Près du pêcheur qui ruisselle, Quand tous deux, au jour baissant, Nous errons dans la nacelle, Laissant chanter l’homme frêle Et gémir le flot puissant ;
Sous l’abri que font les voiles Lorsque nous nous asseyons, Dans cette ombre où tu te voiles Quand ton regard aux étoiles Semble cueillir des rayons ;
Quand tous deux nous croyons lire Ce que la nature écrit, Réponds, ô toi que j’admire, D’où vient que mon cœur soupire ? D’où vient que ton front sourit ?
Dis ? d’où vient qu’à chaque lame, Comme une coupe de fiel, La pensée emplit mon âme ? C’est que moi je vois la rame Tandis que tu vois le ciel !
C’est que je vois les flots sombres, Toi, les astres enchantés ! C’est que, perdu dans leurs nombres, Hélas, je compte les ombres Quand tu comptes les clartés !
Chacun, c’est la loi suprême, Rame, hélas ! jusqu’à la fin. Pas d’homme, ô fatal problème ! Qui ne laboure ou ne sème Sur quelque chose de vain !
L’homme est sur un flot qui gronde. L’ouragan tord son manteau. Il rame en la nuit profonde, Et l’espoir s’en va dans l’onde Par les fentes du bateau.
Sa voile que le vent troue Se déchire à tout moment, De sa route l’eau se joue, Les obstacles sur sa proue Écument incessamment !
Hélas ! hélas ! tout travaille Sous tes yeux, ô Jéhovah ! De quelque côté qu’on aille, Partout un flot qui tressaille, Partout un homme qui va !
Où vas-tu ? - Vers la nuit noire. Où vas-tu ? - Vers le grand jour. Toi ? - Je cherche s’il faut croire. Et toi ? - Je vais à la gloire. Et toi ? - Je vais à l’amour.
Vous allez tous à la tombe ! Vous allez à l’inconnu ! Aigle, vautour, ou colombe, Vous allez où tout retombe Et d’où rien n’est revenu !
Vous allez où vont encore Ceux qui font le plus de bruit ! Où va la fleur qu’avril dore ! Vous allez où va l’aurore ! Vous allez où va la nuit !
À quoi bon toutes ces peines ? Pourquoi tant de soins jaloux ? Buvez l’onde des fontaines, Secouez le gland des chênes, Aimez, et rendormez-vous !
Lorsque ainsi que des abeilles On a travaillé toujours ; Qu’on a rêvé des merveilles ; Lorsqu’on a sur bien des veilles Amoncelé bien des jours ;
Sur votre plus belle rose, Sur votre lys le plus beau, Savez-vous ce qui se pose ? C’est l’oubli pour toute chose, Pour tout homme le tombeau !
Car le Seigneur nous retire Les fruits à peine cueillis. Il dit : Échoue ! au navire. Il dit à la flamme : Expire ! Il dit à la fleur : Pâlis !
Il dit au guerrier qui fonde : - Je garde le dernier mot. Monte, monte, ô roi du monde ! La chute la plus profonde Pend au sommet le plus haut. -
Il a dit à la mortelle : - Vite ! éblouis ton amant. Avant de mourir sois belle. Sois un instant étincelle, Puis cendre éternellement ! -
Cet ordre auquel tu t’opposes T’enveloppe et t’engloutit. Mortel, plains-toi, si tu l’oses, Au Dieu qui fit ces deux choses, Le ciel grand, l’homme petit !
Chacun, qu’il doute ou qu’il nie, Lutte en frayant son chemin ; Et l’éternelle harmonie Pèse comme une ironie Sur tout ce tumulte humain !
Tous ces faux biens qu’on envie Passent comme un soir de mai. Vers l’ombre, hélas ! tout dévie. Que reste-t-il de la vie, Excepté d’avoir aimé !
¯¯¯¯¯¯¯¯
Ainsi je courbe ma tête Quand tu redresses ton front. Ainsi, sur l’onde inquiète, J’écoute, sombre poète, Ce que les flots me diront.
Ainsi, pour qu’on me réponde, J’interroge avec effroi ; Et dans ce gouffre où je sonde La fange se mêle à l’onde… - Oh ! ne fais pas comme moi !
Que sur la vague troublée J’abaisse un sourcil hagard ; Mais toi, belle âme voilée, Vers l’espérance étoilée Lève un tranquille regard !
Tu fais bien. Vois les cieux luire. Vois les astres s’y mirer. Un instinct là-haut t’attire. Tu regardes Dieu sourire ; Moi, je vois l’homme pleurer !
Victor Hugo
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| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Sam 5 Nov - 17:55 | |
| PRIERE Par toutes les foudres et tous les tonnerres Par la sombre nuit et l'aveuglante lumière Par toutes les montagnes et toutes les rivières Par tous les océans et toutes les mers Par toutes les forêts et toutes les clairières Par toutes les bêtes, tous les fauves en colères Par tous les canaris et leurs cages de fer Par tous les prisonniers de toutes les guerres Par tous ces martyrs et leurs drôles de cimetières Par tous les pays et toutes leurs frontières Par tous les bonheurs et toutes les misères Par tous les phénomènes de la vie sur terre Par tous les sages leurs proses et leurs vers Par tous les anges du paradis et de l'enfer Par l’écrit 19 et ses versets limpides et clairs Par sa sagesse qui dévoile tout mystère Donne-moi la force pour le lire et le faire Et assiste-moi dans ce qui t'est très cher Car sans toi je ne saurai que faire
L’écrit 19: Le Coran est le 19ème Ecrit Divin. Le poème “Frisson” transformé en “prière”, du recueil de poèmes “Les pas perdus” par E. Bouqdib, Bruxelles 1980.
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| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Jeu 24 Nov - 1:46 | |
| Toi aussi tu viendras où je suis
Aujourd'hui je me suis promené avec mon camarade. Même s'il est mort, Je me suis promené avec mon camarade. Qu'ils étaient beaux les arbres en fleurs, Les marronniers qui neigeaient le jour de sa mort. Avec mon camarade je me suis promené. Jadis mes parents Allaient seuls aux enterrements Et je me sentais petit enfant. Maintenant je connais pas mal de morts, J'ai vu beaucoup de croque-morts
Mais je n'approche pas de leur bord. C'est pourquoi tout aujourd'hui Je me suis promené avec mon ami. Il m'a trouvé un peu vieilli, Un peu vieilli mais il m'a dit: Toi aussi tu viendras où je suis, Un dimanche ou un samedi, Moi, je regardais les arbres en fleurs, La rivière passer sous le pont Et soudain j'ai vu que j'étais seul. Alors je suis rentré parmi les hommes.
Robert Desnos, "Etat de veille. Mines de rien 1938" | |
| | | Lem Esthète
Age : 77 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| | | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Sam 26 Nov - 19:07 | |
| Absolument Lem, merci de cette belle remarque. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: La sagesse, Alphonse De Lamartine Sam 26 Nov - 20:35 | |
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La sagesse
Ô vous, qui passez comme l'ombre Par ce triste vallon des pleurs, Passagers sur ce globe sombre, Hommes! mes frères en douleurs, Ecoutez : voici vers Solime Un son de la harpe sublime Qui charmait l'écho du Thabor : Sion en frémit sous sa cendre, Et le vieux palmier croit entendre La voix du vieillard de Ségor!
Insensé le mortel qui pense! Toute pensée est une erreur. Vivez, et mourez en silence; Car la parole est au Seigneur! Il sait pourquoi flottent les mondes; Il sait pourquoi coulent les ondes, Pourquoi les cieux pendent sur nous, Pourquoi le jour brille et s'efface, Pourquoi l'homme soupire et passe : Et vous, mortels, que savez-vous?
Asseyez-vous près des fontaines, Tandis qu'agitant les rameaux, Du midi les tièdes haleines Font flotter l'ombre sur les eaux : Au doux murmure de leurs ondes Exprimez vos grappes fécondes Où rougit l'heureuse liqueur; Et de main en main sous vos treilles Passez-vous ces coupes vermeilles Pleines de l'ivresse du coeur.
Ainsi qu'on choisit une rose Dans les guirlandes de Sârons, Choisissez une vierge éclose Parmi les lis de vos vallons! Enivrez-vous de son haleine; Ecartez ses tresses d'ébène, Goûtez les fruits de sa beauté. Vivez, aimez, c'est la sagesse : Hors le plaisir et la tendresse, Tout est mensonge et vanité!
Comme un lis penché par la pluie Courbe ses rameaux éplorés, Si la main du Seigneur vous plie, Baissez votre tête, et pleurez. Une larme à ses pieds versée Luit plus que la perle enchâssée Dans son tabernacle immortel ; Et le coeur blessé qui soupire Rend un son plus doux que la lyre Sous les colonnes de l'autel!
Les astres roulent en silence Sans savoir les routes des cieux; Le Jourdain vers l'abîme immense Poursuit son cours mystérieux; L'aquilon, d'une aile rapide, Sans savoir où l'instinct le guide, S'élance et court sur vos sillons; Les feuilles que l'hiver entasse, Sans savoir où le vent les chasse, Volent en pâles tourbillons!
Et vous, pourquoi d'un soin stérile Empoisonner vos jours bornés? Le jour présent vaut mieux que mille Des siècles qui ne sont pas nés. Passez, passez, ombres légères, Allez où sont allés vos pères, Dormir auprès de vos aïeux. De ce lit où la mort sommeille, On dit qu'un jour elle s'éveille Comme l'aurore dans les cieux!
Alphonse de LAMARTINE (1790-1869)
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| | | Admin Admin
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Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Lun 28 Nov - 23:41 | |
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| | | Admin Admin
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Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Mar 29 Nov - 1:01 | |
| Au point du jour, souvent en sursaut, je me lève
Au point du jour, souvent en sursaut, je me lève, Éveillé par l'aurore, ou par la fin d'un rêve, Ou par un doux oiseau qui chante, ou par le vent. Et vite je me mets au travail, même avant Les pauvres ouvriers qui près de moi demeurent. La nuit s'en va. Parmi les étoiles qui meurent Souvent ma rêverie errante fait un choix. Je travaille debout, regardant à la fois Éclore en moi l'idée et là-haut l'aube naître. Je pose l'écritoire au bord de la fenêtre Que voile et qu'assombrit, comme un antre de loups, Une ample vigne vierge accrochée à cent clous, Et j'écris au milieu des branches entr'ouvertes, Essuyant par instants ma plume aux feuilles vertes.
HUGO | |
| | | Admin Admin
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Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Sam 31 Déc - 21:32 | |
| "Je crie pour les enfants perdus. J'écris. Je crie pour la femme éventrée. J'écris. Je crie pour le soleil qu'on souille. J'écris. Je crie pour la ville qu'on brûle. J'écris. Je crie pour l'arbre assassiné. J'écris. Je crie pour le rêve sans fond. J'écris. Je crie pour la planète folle. J'écris de ne pouvoir crier."
Alain Bosquet. | |
| | | Admin Admin
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Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 6 Jan - 17:43 | |
| L’écolier
J’écrirai le jeudi j’écrirai le dimanche quand je n’irai pas à l’école j’écrirai des nouvelles j’écrirai des romans et même des paraboles je parlerai de mon village je parlerai de mes parents de mes aïeux de mes aïeules je décrirai les prés je décrirai les champs les broutilles et les bestioles puis je voyagerai j’irai jusqu’en Iran au Tibet ou bien au Népal et ce qui est beaucoup plus intéressant du côté de Sirius ou d’Algol où tout me paraîtra tellement étonnant que revenu dans mon école je mettrai l’orthographe mélancoliquement
Raymond Queneau | |
| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 13 Jan - 1:19 | |
| Crépuscule
« On ne voit pas les gens dont en entend la voix Et ceux qu’on voit ont l’air d’illustrer le silence Tandis que circulairement l’orage lance De longs éclairs muets qui tremblent sur les toits.
On attendait un sourd roulement de tonnerre, Mais rien. La dame, en face, arrose sans un bruit Ses fleurs pâles déjà recloses pour la nuit Et partout règne un silence extraordinaire.
Peut-être le moteur de la terre s’est-il Arrêté brusquement malgré la loi physique Et ne perçoit-on pas encore la musique Des sphères à travers ce silence d’exil.
Eh bien qu’elle rugisse ou file son murmure À l’infini sans nous qui sommes exilés Entre l’aube stridente et les cieux constellés, Dans le soir insonore avant la nuit obscure. »
Jacques Réda, « Crépuscule », L’Adoption du système métrique, Gallimard, 2004, page 107. | |
| | | Moula Fée
Age : 38 Localisation : Alger Qualité : Modératrice Réputation : 70 Inscrit le : 22/12/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Mer 15 Fév - 12:27 | |
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Requies
Comme un morne exilé, loin de ceux que j' aimais, Je m' éloigne à pas lents des beaux jours de ma vie, Du pays enchanté qu' on ne revoit jamais. Sur la haute colline où la route dévie Je m'arrête, et vois fuir à l'horizon dormant Ma dernière espérance, et pleure amèrement. Ô malheureux ! Crois-en ta muette détresse : Rien ne refleurira, ton coeur ni ta jeunesse, Au souvenir cruel de tes félicités. Tourne plutôt les yeux vers l' angoisse nouvelle, Et laisse retomber dans leur nuit éternelle L'amour et le bonheur que tu n'as point goûtés.
Le temps n'a pas tenu ses promesses divines. Tes yeux ne verront point reverdir tes ruines; Livre leur cendre morte au souffle de l' oubli. Endors-toi sans tarder en ton repos suprême, Et souviens-toi, vivant dans l' ombre enseveli, Qu'il n' est plus dans ce monde un seul être qui t'aime. La vie est ainsi faite, il nous la faut subir. Le faible souffre et pleure, et l'insensé s'irrite ; Mais le plus sage en rit, sachant qu'il doit mourir. Rentre au tombeau muet où l'homme enfin s'abrite, Et là, sans nul souci de la terre et du ciel, Repose, ô malheureux, pour le temps éternel!
Par Leconte De lisle (1818-1894)
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Mer 29 Fév - 23:04 | |
| À Philis
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage, Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Pierre de Marbeuf, Recueil des vers
Dernière édition par Orfella le Mer 29 Fév - 23:36, édité 1 fois (Raison : Je mets le titre) |
| | | Lem Esthète
Age : 77 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Jeu 1 Mar - 16:17 | |
| Admin, Moula, Orfella... âmes de poètes.
Faites-nous encore rêver et voyager dans l'espace-ton.
Merci à tous les trois. | |
| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 2 Mar - 17:52 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 2 Mar - 23:09 | |
| Et voilà pour votre plaisir mes amis: Notre vie Notre vie tu l'as faite elle est ensevelie Aurore d'une ville un beau matin de mai Sur laquelle la terre a refermé son poing Aurore en moi dix-sept années toujours plus claires Et la mort entre en moi comme dans un moulin
Notre vie disais-tu si contente de vivre Et de donner la vie à ce que nous aimions Mais la mort a rompu l'équilibre du temps La mort qui vient la mort qui va la mort vécue La mort visible boit et mange à mes dépens
Morte visible Nusch invisible et plus dure Que la faim et la soif à mon corps épuisé Masque de neige sur la terre et sous la terre Source des larmes dans la nuit masque d'aveugle Mon passé se dissout je fais place au silence.
Paul Eluard, Le Temps déborde (1947)
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| | | Lem Esthète
Age : 77 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Sam 3 Mar - 11:03 | |
| Sur toutes les pages d'écoliers, sur toute la terre et le ciel étoilé, j'écris ton nom... Paul Eluard... citoyen du monde épris de liberté.
Merci Orfella de nous rappeler ce poème qui a bercé mon enfance. | |
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| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement | |
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| | | | Un poème car à tout il faut un commencement | |
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