Elle tangue en chantant dans sa langue un air nostalgique. Entraîné tu t’inventes, sous cette grande tente, ton conte aux mystères de l’orient, tes mille et une nuits qui défilent en cascades.
Flottent les voiles légers au rythme des notes et s’étoilent, déjà gagés, tes désirs de conquête. Emporté, les yeux rivés sur ce nombril que, sous la toile, tu devines, tu baves envieux en pensant aux plaisirs dissimulés derrière le noir et ton cœur bat la chamade.
Les faux cils, lentement mouvant comme un fluide, t’attirent et voilà que ton regard de hasard croit, insolent, que la main est acquise. Tout vous sépare, pourtant, sous une maléfique emprise, tu cries Shéhérazade !
L’écho conquérant dans le désert se répand. S’arrête le chant et dans le silence des lieux froid tel un gisant, se lève un vent qui, dans sa plainte monotone, les grains de sable soulevant, érodent ton corps, d’elle, malade.