Pictorialisme (de l’anglais pictorial photography), tendance en photographie apparue à la fin du XIXe siècle en Europe et aux États-Unis, dont l’objectif est la production de véritables œuvres d’art, par diverses manipulations durant la prise de vues et le développement.
Désireux de rivaliser avec la peinture et le dessin, le pictorialisme s’empare de la technique photographique, qui s’est considérablement simplifiée et démocratisée dans le dernier tiers du XIXe siècle, pour inaugurer l’ère de la photographie artistique. Son intention n’est pas de produire une représentation scientifique ou documentaire de la réalité mais de s’en écarter, parfois même jusqu’à l’abstraction, en utilisant et en interprétant les formes disponibles dans la nature pour faire naître l’émotion artistique.
Le mouvement se développe dans le prolongement des expériences menées par les photographes britanniques Henry Peach Robinson et Peter Henry Emerson, ce dernier étant proche des peintres naturalistes anglais et admirateur de Millet.
L’une des caractéristiques principales du mouvement est la part d’intervention revendiquée par les pictorialistes au moment de la prise de vues et du tirage. En effet le sujet photographié n’est qu’un élément constitutif de l’image finale, qui doit toute sa valeur aux modifications apportées par le photographe. Certaines techniques, telles que le sténopé reposant sur l’emploi d’une fine plaque métallique percée d’un trou en guise d’objectif, permettent l’obtention d’un flou parfois généralisé à l’ensemble du cliché et caractéristique de l’esthétique pictorialiste. Ces rendus témoignent des liens entre le mouvement pictorialiste et le courant impressionniste, et notamment de l’attrait commun aux deux tendances pour la restitution des effets atmosphériques : pluie, brouillard (The Flat Iron, Edward Steichen, 1904) mais aussi fumée (Paysage usinier, Robert Demachy, 1905) et poussière. Les pictorialistes ont également pour habitude d’intervenir sur les négatifs (grattage, brossage, emploi de plusieurs négatifs, coups de crayon) et de retoucher les épreuves. Ils accentuent, affinent ou effacent certains détails de leur œuvre avant ou après le tirage. Le grain du papier sur lequel s’effectue le tirage est choisi avec soin et un important travail sur le rendu des tons est réalisé grâce à l’emploi notamment de gomme bichromatée, de charbon, de sels de platine ou d’encres grasses (oléobromie). Certaines œuvres revêtent ainsi l’aspect d’un dessin à la sanguine ou au fusain.
Encarta 2009.