Le thé à la menthe (en arabe : شاي بالنعناع (chāï bil n'anā), ou plus communément أتاي (atāï) en berbère et en dialecte) est la boisson traditionnelle des pays du Maghreb. Ce thé est obtenu grâce à l'infusion de feuilles de thé vert (de type gunpowder) et de menthe verte (de type nanah), accompagnée de beaucoup de sucre. Diffusé dans tout le Maghreb, il est servi très chaud. Il n'est pas seulement bu lors des repas, mais tout au long de la journée. Il est, plus particulièrement, la boisson de l'hospitalité. À la différence de la cuisine, faite par les femmes, le thé est traditionnellement affaire d'homme : préparé par le chef de famille, il est servi à l'invité, et ne se refuse pas. On prête au breuvage un grand nombre de vertus, notamment toniques et digestives.
Sa préparation et son goût varient en fonction des régions et des pays du Maghreb. Il est, ainsi, plus sucré dans le nord que dans le sud du Maroc. Dans certaines régions, on y ajoute quelques pignons de pin. La menthe est normalement la nanah (la menthe nana, commune en Afrique du Nord). Par ailleurs, notamment en hiver quand la menthe est rare, il arrive que l'on remplace la menthe par des feuilles d'absinthe (chiba ou ch'hiba en dialecte maghrébin), qui donnent au thé une amertume très prononcée.
Le thé est préparé à partir de thé Gunpowder et d'une botte de menthe verte fraiche, ainsi que d'une grande quantité de sucre (approximativement cinq cuillères de sucre pour chaque cuillère de thé versée dans la théière). Il est commun, au Maghreb, d'utiliser le sucre sous forme de pain.
La théière est, tout d'abord, ébouillantée. On y ajoute ensuite le thé que l'on « nettoie » en y mettant une petite quantité d'eau bouillante que l'on jette après l'avoir laissé une minute dans la théière. Après y avoir mis le sucre et la menthe, on remplit la théière d'eau bouillante et on laisse infuser deux à trois minutes. On remplit alors deux à trois fois un verre que l'on reverse aussitôt dans la théière, de façon à mélanger l'infusion. Il s'agit ensuite, en goûtant périodiquement le thé dans un verre, de déterminer le moment où l'infusion est parfaitement réalisée. On rajoute, éventuellement, du sucre et de la menthe, si le thé en manque.
Le thé est alors servi, souvent de très haut, afin de déposer une fine corolle de mousse en haut des verres. La présence de la mousse est considérée comme un signe de la réussite de l'infusion. Plus prosaïquement, ce mode de service permet d'oxygéner, et donc d'accroître le goût, du thé.
Traditionnellement, le thé est servi trois fois. La particularité de son service est due au fait que l'on conserve les feuilles de thé et de menthe verte dans la théière, qui continuent à infuser. Au fur et à mesure des services, la boisson obtenue change de saveur et d'aspect (très astringeant et amer au premier, équilibré au second, léger au dernier). Cette évolution du goût du thé à la menthe est décrit par un célèbre proverbe (qui connaît des variantes régionales) en ces termes :
Le premier verre est aussi amer que la vie,Le deuxième est aussi fort que l'amour,Le troisième est aussi doux que la mort.