Participation importante à l'élection présidentielle algérienne, supérieure à 2004
Le chef de l'Etat sortant Abdelaziz Bouteflika, grandissime favori à l'élection présidentielle en Algérie, a d'ores et déjà gagné son pari en obtenant, jeudi 9 avril, une participation importante et conforme à ses souhaits pour asseoir son troisième mandat, selon des chiffres officiels.
Le taux de participation était de 63,45 % à 18 heures, heure locale (19 heures en France), a annoncé le ministre de l'intérieur, Yazid Zerhouni, un chiffre largement supérieur à celui enregistré à l'élection de 2004 (58,07 %).
Plus de 20 millions d'Algériens devaient choisir leur président parmi six candidats, dont M. Bouteflika, dans un scrutin dont la participation était le principal enjeu. Un service de sécurité "adapté" a été mis en place pour surveiller les 46 577 bureaux de vote, mais des incidents ont éclaté à Bouira (120 km au sud-est d'Alger) et des islamistes armés ont tenté une opération à Naciria, près de Boumerdès (50 km à l'est d'Alger), a indiqué M. Zerhouni sans autres précisions.
11 % DE PARTICIPANTS EN FIN DE JOURNÉE À TIZI-OUZOU
Selon des habitants de la région, deux bombes ont explosé près d'un centre de vote, blessant deux policiers. Deux autres engins ont été désamorcés. A Béjaïa, en Kabylie, des jeunes ont aussi affronté les forces anti-émeutes.
Dans cette région frondeuse et pauvre à l'est d'Alger, les électeurs ont été peu nombreux, les partis les plus influents ayant appelé à boycotter un scrutin présidentiel "joué d'avance". A 16 heures (heure française), 11 % des inscrits avaient voté dans le département de Tizi-Ouzou, où le président Bouteflika s'était rendu en début de campagne pour sceller la réconciliation avec une région où 124 jeunes ont été tués et des centaines blessés au cours d'un "printemps noir" d'émeutes réprimées en 2001.
Abdelaziz Bouteflika, 72 ans, a lui voté en milieu de matinée dans le quartier chic d'El-Biar, sur les hauteurs d'Alger. Tout au long de sa campagne menée tambour battant, il a appelé les Algériens à voter massivement, tout comme ses cinq concurrents hantés par l'abstention. M. Bouteflika, élu en 1999 et réélu en 2004, veut asseoir sa légitimité avec ce scrutin boycotté par l'opposition traditionnelle par un score au moins égal aux 84,99 % des voix obtenu il y a cinq ans.
Peu connus du grand public, à l'exception de Louisa Hanoune qui peut s'appuyer sur son Parti des travailleurs (trotskiste), les autres candidats manquaient d'assise face à M. Bouteflika, souligne la presse algérienne non officielle, unanime.
Moussa Touati, président du Front national algérien (nationaliste), Mohamed Saïd (Parti justice et liberté, islamique modéré), Ali Fawzi Rebaïne (AHD-54, nationaliste, 0,63 % en 2004) ou Djahid Younsi (El-Islah, extremiste modéré), ont fait campagne sur la lutte contre la corruption, les injustices sociales et la mauvaise répartition des richesses nationales.
Le Monde.