L’incivisme de certains habitants, conjugué au silence des responsables locaux, s’est durablement installé dans les mœurs, pour transformer les cités en déchetteries, où il ne fait désormais plus bon vivre.
Des gens construisent, démolissent, ou font des travaux chez eux, et, en toute inconscience, se débarrassent des déblais en les jetant dans la nature. Cela se passe un peu partout, aux abords des routes, à proximité des espaces verts, et encore plus dans les cités périphériques. Nous avions précédemment, et à plusieurs reprises, abordé le problème des gravats, anarchiquement éparpillés sur le site de Aïn El Bey, plus précisément au lotissement Sidi Naâmoune, sans qu’il y ait eu le moindre écho dans ce sens. Nous avions même fait état des agissements d’une société privée, chargée de l’enlèvement des gravats, mais qui en fait le déchargement, illégalement, et de nuit, sur des sites inappropriés.
Justement, à cause du silence complice de ceux à qui incombe la gestion de la cité, le phénomène a pris de l’ampleur, tendant à se généraliser, pis encore, à se banaliser. Des gens irresponsables et pollueurs ont jeté leur dévolu sur un autre champ, en amont de la cité des 500 logements (Zouaghi-Aïn El Bey), qui serait, disent certains citoyens, un futur verger, pour se débarrasser de leurs gravats. Une autre décharge est en train de naître, derrière les immeubles, sur une terre agricole ! Et quand bien même celle-ci ne serait pas agricole, elle n’en constitue pas moins tout l’environnement des cités-dortoirs, qui pourraient ne plus l’être si l’impunité n’était pas érigée en règle générale.
Encouragés par l’indifférence et l’incivisme barbare qui désormais caractérisent les mœurs, des énergumènes n’hésitent pas à polluer les espaces verts, et ce au détriment de la santé de tous, surtout celle des enfants. Ces derniers jouent innocemment, à longueur de journée, sur ces monticules formés par les agrégats.
Le champ en question fait l’objet de cette offensive caractérisée depuis déjà quelques mois. Un premier habitant avait, pour rappel, balancé, depuis sa fenêtre, un grand sac rempli de gravats, faisant aussitôt des adeptes. Cet espace est en passe de devenir un dépôt de débris et autres déchets à ciel ouvert, alors que les auteurs de ce crime écologique ne sont pas inquiétés, loin s’en faut. Les rares citoyens encore conscients de la catastrophe, se disent outrés, scandalisés par le manque de civisme de leurs voisins.
L’un d’eux nous dira à ce propos: «Nos voisins font des tas de transformations dans leurs appartements, ceci prouve qu’ils sont soucieux de l’esthétique de leur intérieur, et pourtant ils n’ont aucun égard pour leur environnement ; regardez ces cités, elles croulent sous les immondices ! Ils n’écoutent personne, ils nous polluent l’air. Leur égoïsme est monstrueux, ils se croient seuls dans la cité, et avec ça, ils ne ratent aucune prière.»
Pourtant, la situation en matière d’agression de l’environnement et d’hygiène des quartiers dégénère à vue d’œil, allant inéluctablement vers le pourrissement. Au train où vont les choses, le peu de terres qui reste encore inviolé, ne manquera pas de rattraper le laisser-aller général. Des habitants espèrent une réaction positive de la part des autorités locales, lesquelles sont seules en mesure de faire respecter les lois de la République.
Farida Hamadou in El Watan 26 août 2010