Djilali Hadjadj presenté au parquet de Sidi M'hamed
El-Watan 09/09/2010
Présenté hier matin au parquet de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger, Djilali Hadjadj a été placé en détention. Le tribunal devant lequel il doit être présenté pour vider son mandat d'arrêt ne siège que le lundi. Il attendra le 13 septembre pour (peut-être) retrouver sa liberté.
Arrêté à l'aéroport de Constantine, Djilali Hadjadj a été présenté par les policiers qui l'escortaient au parquet de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger.
En tout état de cause, la mise en détention de Djilali Hadjadj est vraiment regrettable dans la mesure où sa place n'est pas du tout dans une prison. Président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, membre de Transparency International, et journaliste, Hadjadj semblait, selon ses avocats, «très serein» en apprenant en fin de journée la triste nouvelle. «C'est dommage que la justice n'ait pu trouver un artifice pour le libérer et ne pas donner du grain à moudre à ceux qui nous surveillent à la loupe», regrette un de ses avocats. En fait, tout le monde s'attendait à ce que Hadjadj vide son mandat d'arrêt et retrouve sa liberté et sa famille. Cela n'a pas été le cas, et ce, en dépit du fait que cette affaire soit entachée de nombreuses irrégularités procédurales criantes. La plus importante est le fait que Hadjadj et son épouse soient jugés et condamnés par défaut sans qu'ils ne soient entendus ni durant l'instruction ni par le tribunal qui a prononcé trois ans (contre Djilali) et un an de prison ferme (contre son épouse), pour «faux et usage de faux». Mieux encore, dans cette affaire, il n’y a pas de plaignant et donc pas de partie civile.
Elle a été mise en action par auto-saisine du parquet d'Alger, en 2006, à la suite d'une lettre anonyme de dénonciation contre des fonctionnaires de la Cnas (caisse de la sécurité sociale), ancien employeur de Hadjadj. Il est également important de relever que durant les six mois qu'a duré le mandat d'arrêt, Hadjadj a beaucoup voyagé et à aucun moment la police des frontières ne l'a interpellé ou inquiété. La question de l'opportunité de son exécution quelques jours seulement après ses déclarations virulentes contre les nouveaux textes sur la corruption reste lourdement posée. L'on se demande si son arrestation n'obéit pas à d'autres considérations que celles de faire appliquer les décisions de justice. En tout état de cause, sa mise en détention a suscité de nombreuses réactions nationales et internationales des défenseurs des droits de l'homme.
Salima Tlemçani in El-Watan 09/09/2010