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 1993 : Se taire ou mourir

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Localisation : Tahat
Qualité : Fondateur
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Réputation : 72
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MessageSujet: 1993 : Se taire ou mourir   1993 : Se taire ou mourir EmptyVen 5 Nov - 17:33

Extrait du livre de Lazhari Labter “Chronique des années d'espoir et de terreur”:

"Un lourd tribut

“Avec 37 assassinats contre 9 en 1993, 25 en 1994, 20 en 1996 et 5 en 1997, l’année 1995 fut la plus terrible et la plus meurtrière de toutes. Les terroristes intégristes se sont acharnés de manière particulière sur ceux qui ont fait du métier d’informer leur credo. Dans leur folie meurtrière, ils n’ont épargné ni rédacteur, ni reporter photographe, ni correcteur, ni administratif, ni chauffeur. Indistinctement, ils s’en sont pris au professionnel comme au simple collaborateur, au responsable comme à l’employé, à l’homme comme à la femme. Contrairement à une idée répandue, cette guerre n’a jamais été sélective. Ses commanditaires n’ont jamais fait de différence entre un journaliste francophone et un journaliste arabophone, un Kabyle et un ‘Arabe’, la presse publique et la presse privée, la presse écrite et la presse audiovisuelle, l’âge, le sexe ou la pensée politique ou religieuse.” “Parmi les journalistes et les travailleurs des médias assassinés, 67 appartenaient au secteur public (presse écrite et audiovisuelle confondue) et 29 au secteur privé (presse écrite). Si leur nombre est beaucoup plus important dans la presse audiovisuelle (39 dont 26 de la télévision et 11 de la radio), cela s’explique par le simple fait que les employés du premier secteur sont plus nombreux que ceux du second. La même raison peut être évoquée à propos du nombre de femmes (11) par rapport à celui des hommes (85). Le plus grand nombre d’assassinats a eu lieu à Alger (79). Le reste dans d’autres villes du pays : 5 à Blida, 2 à Boufarik, 2 à Dellys, 2 à Tizi Ouzou, 1 à Bou Saâda,1 à Constantine, 1 à Draâ-Ben-Khadda, 1 à Gdyel, 1 à Skikda et 1 à Tipasa. A de rares exceptions, c’est près du domicile, quelquefois à l’intérieur même, sur le chemin du lieu du travail ou au retour du lieu de travail, que les journalistes ont été surpris par des individus armés de pistolets automatiques ou de couteaux, parfois des deux à la fois, de fusils-mitrailleurs quelquefois. Le fait de viser toujours la tête montre que les terroristes agissaient en tueurs professionnels, ne laissant aucune chance de survie à leur victime.”

Se taire ou mourir

“En ce premier mois de l’année 1993, En-Nafir, organe clandestin du FIS dissous, donne un délai de quarante jours aux journalistes, les sommant de mettre fin à leur campagne de ‘dénigrement’ du projet islamiste. Dans des mosquées algéroises sous contrôle des intégristes, des listes de professionnels des médias et d’hommes de culture sont placardées ; Tahar Djaout en faisait partie. Ces pressions et ces menaces sont relayées par la radio clandestine du FIS. Le message sera reçu cinq sur cinq par les tueurs de l’ombre, qui aiguisaient déjà leurs couteaux et huilaient leurs pistolets automatiques en attendant le moment propice pour passer à l’action. Ce moment ne tardera pas à venir.”

Tahar Djaout

“Dans la cité populaire de Baïnem où habite Tahar Djaout, une cité adossée à la forêt des hauteurs de Bouzaréah et qui fait face à la mer, distante de quelques centaines de mètres, dans une voiture arrêtée au parking, trois jeunes, sur le qui-vive, l’œil bien ouvert, aux aguets, attendent depuis une heure ou deux. Bien que nerveux, ils sont sûrs de leur coup. Ils sont bien renseignés sur les habitudes du journaliste pour l’avoir surveillé pendant des jours. Ils connaissent sa voiture, son nom, ses horaires à la minute près. Son petit-déjeuner pris, comme à l’accoutumée, Tahar Djaout embrasse ses trois filles, dit au revoir à sa femme et sort de chez lui. Il n’y a que quelques minutes de la maison, située au quatrième étage, à la voiture dans le parking. Alors que sa femme l’observe par la fenêtre, il s’installe sur le siège et baisse les vitres pour chasser l’air confiné dans l’habitacle et laisser entrer un peu de fraîcheur. L’un des trois occupants de la voiture en stationnement descend et se dirige lentement vers lui. Absorbé par ses pensées, le journaliste ne prête guère attention à ce jeune, comme il y en a partout, qui se dirige vers lui. Il devait penser certainement au prochain numéro du journal qu’il faut préparer. Lorsque, face à l’arme pointée sur lui, il comprend de quoi il s’agit, il est déjà trop tard. Couvertes par le cri horrifié de sa femme qui observe la scène du balcon, trois détonations éclatent dans le matin de cette journée du mercredi 26 mai 1993. Atteint de trois balles, dont une dans la tête, tirées à bout portant, Tahar Djaout s’effondre et entre dans un coma profond. Comme une traînée de poudre, la nouvelle se répand très vite dans les salles de rédaction, les sièges des partis politiques et des associations, dans les administrations. C’est le choc. L’attentat suscite de nombreuses réactions d’indignation et de réprobation dans tout le pays et à l’étranger, où il est connu comme écrivain. Le lendemain de l’attentat, deux de ses assassins sont abattus du côté de Notre-Dame d’Afrique, sur les hauteurs d’Alger. Le troisième sera arrêté le surlendemain. Plongé dans un coma profond, Tahar Djaout restera suspendu entre la vie et la mort pendant huit jours. Il décédera le mercredi 2 juin. La famille de la presse est en deuil.”

Abderrahmane Chergou

“Mardi 28 septembre 1993, Mohammadia (ex-Lavigerie), El-Harrach, proche banlieue à l’est d’Alger. Malgré les menaces qu’il sait peser sur lui, en dépit des reproches, des remontrances et des avertissements de sa famille, de ses camarades et de ses amis, Abderrahmane Chergou continue de vivre selon ses habitudes. Comme à l’accoutumée, ce matin-là, il sort de son domicile pour aller faire ses courses dans le quartier. Il est 8h 45 lorsque, son panier dans une main et des journaux dans l’autre, il revient chez lui. Plongé dans ses pensées, il ne remarque pas les trois individus qui l’attendent, planqués dans la cage d’escalier de son bâtiment. Arrivé à leur niveau, ils se ruent sur lui et lui assènent plusieurs coups de couteau. Pris au dépourvu, il tente de réagir en parant les coups avec son panier, contenant des sachets de lait et des baguettes de pain, mais c’est déjà trop tard. Gravement atteint au ventre et à la poitrine, il s’écroule dans une mare de sang en criant : ‘Non, non, non !’ Transporté à l’hôpital le plus proche, il succombe à ses blessures moins d’une heure après l’attentat.”

Smaïl Yefsah

“Bab Ezzouar, cité des 2 068 Logements. Il est presque 8 heures quand Smaïl Yefsah quitte son domicile, situé au bâtiment A 1, et se dirige vers sa voiture, garée dans le parking de la cité, pour se rendre au 21, boulevard des Martyrs où se trouve le siège de la télévision. A quelques mètres de son véhicule, une 405 Peugeot grise, trois terroristes, qui guettaient sa sortie, le surprennent et lui portent plusieurs coups de couteau dans le dos. Atrocement blessé, souffrant le martyre, le journaliste tente de fuir en criant : ‘Je n’ai rien fait ! Je n’ai rien fait !’ Les assassins sortent alors leurs armes à feu et lui tirent dessus. Touché de trois balles au ventre et à la poitrine, il tombe. Les tueurs, pensant qu’il était mort, récupèrent leurs trois autres complices postés non loin d’eux, montent dans sa voiture et prennent la fuite. Encore vivant, souffrant le martyre, Smaïl Yefsah rassemble ses dernières forces, se relève et, titubant, parcourt une cinquantaine de mètres, à la recherche d’un lieu sûr, d’un refuge, d’un secours. Arrivé au niveau de la cage 6 de l’immeuble, il s’y engouffre et monte péniblement, une à une, les marches. Arrivé au deuxième étage, il frappe à la porte de l’appartement d’un de ses voisins et les mains serrées sur son ventre, s’écrie : ‘Refermez vite la porte !’, avant de s’écrouler, sans vie. Tout au long de son parcours du parking à l’appartement, les traces de son sang perdu maculent le sol, les escaliers, les murs. A l’hôpital de Belfort où il a été transporté par des policiers du commissariat de Bab-Ezzouar, les médecins constatent le décès. Smaïl Yefsah n’est plus.”

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Smail YEFSAH

La valise ou le cercueil

“Jour et nuit, ils sont sur le qui-vive, aux aguets, les nerfs à fleur de peau. Beaucoup parmi ceux qui sont mariés ont laissé femme et enfants au domicile familial ou sont partis avec eux s’installer ailleurs. Les uns chez des amis, les autres chez des membres de la famille. Quant aux célibataires, s’ils sont plus libres de leurs mouvements, ils n’en vivent pas moins le même calvaire. Se rendre du lieu d’habitation au lieu de travail et vice-versa relève de l’exploit quotidien. On ‘casse’ ses horaires habituels, on change de cafés, de bars, de restaurants quand on ose y aller, on prend des chemins détournés, des autobus ou des taxis de stations différentes de peur d’être repéré et suivi. La voiture, quand on en a une, a été, pour des raisons évidentes, purement et simplement abandonnée dans un garage ou dans un parking. Ce ‘jeu’ dangereux de cache-cache avec la mort, qui peut surgir à n’importe quel moment et en n’importe quel lieu, met les nerfs à rude épreuve. Ceux qui l’ont programmé le savent bien, eux qui, par une guerre psychologique savamment menée, cherchent à créer la psychose chez les journalistes afin de ne leur laisser de choix qu’entre la valise ou le cercueil.”

Carnage au siège de L’Hebdo Libéré

“Le lundi 21 mars 1994, en ce début de printemps à peine sorti d’un mois de ramadhan particulièrement sanglant, la nouvelle éclate comme une bombe sous le ciel d’Alger : les locaux de L’Hebdo Libéré ont été attaqués par un groupe de terroristes ! Cela faisait environ dix mois que j’avais quitté ce journal où j’avais passé, avec une des équipes les plus sympathiques et les plus déterminées de la presse algérienne, des moments intenses et rares. Comme à l’accoutumée, je lisais ce jour-là les quotidiens du matin lorsque la sonnerie du téléphone retentit. A l’autre bout du fil, je reconnus la voix d’Abdelkrim Chaoui, un ancien collègue d’ Alger Républicain : ‘J’ai une mauvaise nouvelle. Ils ont attaqué le siège de L’Hebdo Libéré. Il y aurait plusieurs morts.’ Il n’est pas loin de 11 heures, ce premier matin de printemps, lorsqu’un groupe de sept terroristes se présente au siège administratif. Se faisant passer pour des policiers en civil, ils se font ouvrir la porte en fer par la secrétaire. Lorsqu’elle comprend son erreur et se ravise en voulant refermer la porte, il est trop tard. Les terroristes forcent le passage et pénètrent dans les lieux où se trouvent Madjid Yacef, reporter photographe, Rachid Benhaddou, chauffeur, Azzedine Ramdani, agent administratif, Nadir Mahmoudi, frère du directeur du journal, permissionnaire du service militaire en visite, et Naïma Naïli, secrétaire. Ils demandent après le directeur Abderrahmane Mahmoudi et vérifient les cartes professionnelles de chacun. N’ayant trouvé aucun journaliste, ils ordonnent aux cinq présents de se mettre à plat ventre et, froidement, leur logent chacun une balle dans la tête. Les pistolets munis de silencieux n’attirent l’attention de personne. Une fois leur forfait accompli, ils quittent les lieux. Ni vu ni connu. Blessée, la secrétaire réussit à sortir et à alerter les policiers de faction de la radio. Madjid Yacef et Rachid Benhaddou, âgés tous les deux de quarante ans, meurent sur le coup. Nadir Mahmoudi, vingt-quatre ans, mourra à l’hôpital quelques jours après l’attentat. Azzedine Ramdani et Naïma Naïli, blessés, s’en sortiront avec des traumatismes.”

Yasmina Drissi

“Yasmina Drissi est professeur de français et correctrice au quotidien Le Soir d’Algérie. Le dimanche 10 septembre 1994, alors qu’elle se trouve dans sa voiture en compagnie d’une amie polonaise, dans une station-service, un groupe de terroristes, se présentant comme des policiers, les accoste dans l’intention d’enlever son amie étrangère. De toutes ses forces, Yasmina s’oppose à eux. Devant sa farouche détermination de ne pas laisser son amie à son sort, les terroristes abandonnent cette dernière et emmènent de force Yasmina vers une destination inconnue. Deux jours plus tard, le mardi 12 juillet, elle est retrouvée, la gorge tranchée, du côté de Rouiba, à l’est d’Alger.”

Rachida Hammadi

“Accompagnée de sa sœur Houria, surnommée Mériem, secrétaire dans la même boîte, Rachida Hammadi, comme tous les matins, s’apprête en ce début de journée du 20 mars 1995, à se rendre au siège de la télévision nationale où elle travaille comme journaliste. Il est 8h 20 et devant leur domicile, situé à la cité Rostomia (ex-Clairval) de Chevalley, sur les hauteurs d’Alger, le chauffeur de la voiture de service qui les accompagne tous les jours au travail attend depuis quelques minutes. Du balcon, leur père, qui a pris l’habitude, depuis que les assassinats de journalistes se sont multipliés, de regarder à l’extérieur pour s’assurer qu’il n’y a rien de suspect, ne remarque pas la voiture de type Lada break de couleur rouge stationnée juste en face de la cité, de l’autre côté de la route. La circulation est particulièrement dense dans ce quartier encombré. La vigilance la plus extrême peut être prise en défaut tant le ballet infernal des voitures qui passent, qui s’arrêtent ou qui démarrent est incessant. A peine les deux sœurs ont-elles pris place dans la voiture de service qu’un jeune homme armé, qui s’était mêlé à la foule des étudiants attendant leur transport à l’arrêt des autobus universitaires, s’approche du véhicule de service dont le chauffeur marque un temps d’arrêt avant de quitter l’esplanade de la cité et de se couler dans le flot des voitures. Arrivé au niveau du véhicule, il sort son arme automatique et ouvre le feu, visant la journaliste et sa sœur. Houria, qui a remarqué le manège tente, dans un geste désespéré, de protéger sa sœur en la couvrant. Elle est tuée sur le coup. Atteinte de plusieurs balles dont une à la tête, Rachida sombre dans le coma. Son forfait accompli, le tueur rejoint ses deux complices qui l’attendent dans leur véhicule, moteur en marche. A l’hôpital le plus proche où elles ont été évacuées, les médecins tentent l’impossible pour sauver Rachida qui lutte contre la mort. Les balles sont retirées du corps, mais celle qui s’est logée dans la tête nécessite des moyens dont l’hôpital de Beni Messous ne dispose pas. Transférée à l’hôpital militaire de Aïn-Naâdja, mieux équipé, Rachida est immédiatement prise en charge par des médecins qui tentent de l’arracher des griffes de la mort. Alors que sa sœur lutte toujours contre la mort, Houria est enterrée au cimetière de Béni Messous. Elle avait 36 ans. Devant l’impuissance des médecins à extraire la balle qui s’est logée dans sa tête, le 26 mars, la décision est prise de transférer Rachida à l’hôpital parisien du Kremlin-Bicêtre. Malheureusement, les médecins parisiens échouent aussi dans leur tentative désespérée de la ramener à la vie et Rachida décède dans la nuit du 30 au 31 mars. A l’âge de 32 ans. C’est la première femme journaliste assassinée.”

Saïda Djebaïli et Ahmed-Mustapha Lazhari

“Saïda Djebaïli est journaliste au quotidien arabophone privé El Hayat El-Arabia et Ahmed-Mustapha Lazhari est chauffeur dans le même quotidien. Ils sont fiancés. Comme à son habitude, Lazhari accompagne Saïda à son domicile, situé à la cité Skasni, dans le quartier de Beaufraisier, sur les hauteurs d’Alger. Ils sont surpris en ce jour du 16 octobre 1995, à la tombée de la nuit, par un groupe de terroristes qui ouvrent le feu sur leur véhicule. Ils décèdent sur le coup, unis dans la mort. Saïda était licenciée de l’Institut des sciences politiques et des relations internationales de l’université d’Alger. Elle avait commencé sa carrière de journaliste le 8 octobre 1994, un an avant que la mort ne l’arrache à ce métier qu’elle avait choisi malgré tous ses dangers.”

Attentat contre la Maison de la presse

“15 heures. Je ne comprends pas. Je sais seulement que quelque chose de terrible vient d’arriver. Un séisme, me dis-je en mon for intérieur. Tout se passe en une fraction de seconde. Les doigts croisés, je plaque mes mains sur ma tête de toutes mes forces et je plonge entre deux bureaux. Je ne comprends pas encore. J’ai seulement l’impression que le ciel m’est tombé sur la tête. J’entends des bruits de fracas, des cris et des hurlements. Au bout de quelques secondes, je me lève, hébété, seul dans un décor de cauchemar. Ce qui était un bureau il y a quelques secondes à peine ressemble maintenant à un champ de ruines. Je ne réalise pas encore. Je sens sur mon visage et mes mains la chaleur moite du sang qui coule. Je pense toujours à un tremblement de terre, mais la réponse me vient du couloir où quelqu’un crie de toutes ses forces : ‘Une bombe ! C’est une bombe !’ ‘Dorbhan est mort !’ La macabre nouvelle, l’incroyable nouvelle fait très vite le tour de la Maison de la presse. Personne ne veut y croire. Je ne veux pas y croire. Mohamed, mon ami, l’ami de tous, ne peut pas mourir. C’est une erreur. Une méprise. Ce n’est pas possible. Et pourtant, il faut se rendre à l’évidence, cette dépouille inanimée, ce corps allongé, cette tête éclatée, baignant dans son sang encore chaud, c’est bien Mohamed.”

Lazhari Labter réussit à garder un recul et un sang-froid remarquable dans la narration. S'en tenant aux faits, il s'aventure rarement dans des digressions politiques qui l'éloigneraient, lui et ses lecteurs, de l'essentiel qui est de voir comment des individus sans scrupules et sans conscience ont liquidé froidement une partie de l'élite de leur pays dans le cadre d'une vaste entreprise de dislocation nationale à l'afghane. Chaque assassinat, chaque attentat y est alors décrit et perçu comme un coup mortel porté à l'âme et au corps de l'Algérie.

A. Mahmoudi

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MessageSujet: Re: 1993 : Se taire ou mourir   1993 : Se taire ou mourir EmptySam 6 Nov - 12:35

Allah yarhamhoum !
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