L’art de la céramique ou l’école des Boumehdi
in Le Quotidien d’ORAN 25-08-2010 Par Ali Bouazid
Le père a ouvert la voie. Les fils l’ont suivi. Le patriarche Mohamed Boumehdi , qui a quitté ce monde en décembre 2006 , a vécu de la dextérité de ses doigts et son sens du beau . Cet homme au talent modeste n’a pas basculé dans l’industrie. La céramique d’art Boumehdi ? Un label 100% algérien ...
L’atelier de Kouba créé en 1966, c’est la ruche. On s’y affaire sans relâche. Tous sont penchés sur leur ouvrage. On s’y déplace en slalomant à travers les établis, les matières brutes, l’argile façonné et fumant.
C’est qu’a construit Mohamed Boumehdi , au fil de dizaine d’années de labeur , la petite entreprise familiale aujourd’hui animée par ses trois fils : Toufik , Hachemi et Rachid .
L’ainé, Toufik, est le premier disciple de son père. Le maitre l’a envoyé poursuivre des études a l’Ecole des Arts décoratifs de Limoges (1977 – 1980). Lorsqu’il œuvrait à l’extérieur sur un chantier de restauration ou autre, l’atelier ou on ne faisait essentiellement que du modelage était sous la responsabilité de Toufik. Durant la période 1980 – 1992 « J’ai eu à développer la poterie « raconte Toufik « Quant à mon père, il faisait beaucoup de carreaux «. Faire des carreaux ? Une façon de parler. Le maitre a transmis un gout raffiné pour les couleurs pastel, hérité certainement des anciennes céramiques de la période ottomane, ou hollandaise, entre autres. Cette patine et ces couleurs, mais également des variantes très gaies, sont en quelque sorte la marque de fabrique des Boumehdi , celle de leur ligne traditionnelle.
Encouragé par Fernand Pouillon, Hachemi , le cadet , a lui choisi une ligne moderne , en travaillant sur le verre qui nécessite le recours à d’autres techniques que celles usitées pour la poterie et les carreaux .
Le maitre a laissé faire, Hachemi animé l’atelier de verre et ca marche bien. Depuis le décès du père, en 2006, L’atelier de Kouba est tenu par Toufik , tandis que le plus jeune Rachid s’occupe d’un magasin situé dans la zone internationale de l’aéroport Houari Boumediene d’Alger . Combien de personnes emploient cette petite entreprise familiale ? Quelques dizaines, tout au plus, car elle demeure fondamentalement artisanale. Dans les deux ateliers, de nombreux jeunes gens ont travaillé. Ils viennent souvent de centre de formation professionnelle. Combien ont créé depuis, leur propre atelier après avoir acquis un savoir faire ? On ne le sait pas. Mais Toufik indique avoir eu à l’atelier de Kouba de jeunes talents. Modeste, comme son père, Toufik n’ose pas dire que leur atelier principal a été en réalité une école. Le père, natif de Blida, avait créé l’atelier de Kouba , en 1966 , à l’instigation de l’architecte Fernand Pouillon . Ce dernier l’avait sollicité pour des travaux de restauration ainsi que des ouvrages notamment aux centres touristiques de Moretti, Sidi Fredj et Zéralda. Mais, au départ Mohamed Boumehdi faisait de la céramique en dehors de ses heures de travail à la poste. Un passe – temps auquel il avait pris gout après l’avoir découverte en 1947, dans une usine à Berrouaghia . C’est l’architecte qui, à l’ occasion d’une rencontre visuelle avec un de ses panneaux au palis du peuple, décèle en lui un céramiste de talent.
C’est lui qui l’incite à s’installer à son compte . A partir de là , Boumehdi pére ne se consacre qu’à son art . A plein temps. Sa réputation dépasse les frontières. Il expose aux quatre coins du monde . Au fil des années , il cède le relais à ses fils
EMPREINTES
Ses empreintes sont partout . Sur les hauteurs d’Alger, il en a laissé chez , son vieil ami , Mhamed Yazid , l’ancien ministre du GPRA et ancien diplomate . C’est lui qui lui à réalisé l’enseigne de La « maison des libertés » que voulaiut fonder l’ancien ministre , au debut des années 2000 avant son décés en 2003 . Comme pour immortaliser ce prijet , l’enseigne a été cimentée sur un des murs du siège de « La Maison des Libertés « Des traces de Boumehdi , il y en a aussi a l’hotel El djazair d’Alger.
Il y avait dans le hall de la réception de cet hotel une immense fresque murale , non cimentée mais scellée à un panneau. Elle était surchargée de motifs et de couleurs . On ne se lassait jamais de la regarder . Un jour , elle a été descellée . Elle a disparu des regards. Mais d’autres fresques , poteries et carreaux subsistent en nombre , ici et là . Et au- delà , de tout cela , il reste l’Ecole Boumehdi.