Introspection sociale

D'où sort ce pouvoir ?
Par Ramadani, dans les commentaires d'El Watan.com
14.01.11

Un peu d'introspection svp avant de tout mettre sur le dos des "autorités" comme si celles-ci étaient constituées d'extraterrestres.

Les premiers interlocuteurs du public, dans les commissariats, les mairies, les daïras et les wilayates, sont les clones mêmes du commun du public. Ce sont nos voisins, nos anciens camarades de classe, parfois nos parents. Ils habitent avec nous, on les connait (ce qui explique le "piston") et le soir on se retrouve tous dans les mêmes cafés.

N'allez pas me dire que c'est le chef de daïra, le wali, le commissaire divisionnaire ou le ministre qui vous rabrouent personnellement et vous créent des ennuis ou refusent de vous reconnaître votre droit.

Ces derniers font les lois, les règlements et les programmes et leurs textes ne sont pas discriminatoires.

Ce qui est discriminatoire ce sont les milliers d'actes de passe-droit, de favoritisme, de ben-ammisme qu'on voit tous les jours autour de nous.

Bien sûr, les ministres et consorts bénéficient d'avantages et en font bénéficier leur entourage. Ce n'est pas particulier à l'Algérie.

Mais quand après une demi-heure d'attente au guichet des postes, vient derrière-vous un rigolo, brûle la queue et la politesse et passe avant vous parce qu'il connait le préposé au guichet, pourquoi le tolérons-nous ?

Quand ces centaines de pseudos papetiers embarbés vendent des cd de tartil, de khutba et de prêches tous piratés, pourquoi ne leur fait-on pas remarquer qu'ils commettent des vols contraires à ce qu'ils prétendent professer ?

Pourquoi l'automobiliste pris en flagrant délit d'effraction routière commence par nier le fait et finit-il par négocier un "arrangement" avec le policier ou le gendarme au lieu de reconnaître son tort et demander l'indulgence ?

Pourquoi nos tribunaux croulent-ils sous les affaires liées à des épouses battues et des associés trompés ?

Pourquoi nos filles font le maximum pour terminer leurs études universitaires alors que nos garçons quittent l'école dès l'apparition de leurs premiers poils ?

Pourquoi l'incivisme est-il si généralisé ? Pourquoi la plupart de nos commerçants sont soit des voleurs, tirant sur les prix, soit des tricheurs, masquant la qualité des produits ?

Pourquoi nos jeunes hommes sont édentés à vingt-cinq ans et pas nos filles ?

Pourquoi à Delly Brahim, à Tixeraine, aux Eucalyptus, au Hamiz ou à Cheraga, les revendeurs de matériaux de construction, qui font pourtant des affaires d'or, n'investissent pas même 2000 DA pour paver le trottoir de leur lieu de commerce.

Invité

Mais il faut avouer que le mal a commencé d'en haut, puis il s'est généralisé suite à l'abscence d'une justice ferme.

Tout cela mérite étude, il ne faut pas dédouaner la société, peut-être que le problème essentiel est le manque d'homogéneité de celle-ci, une grande frange est l'alliée objective de tout ce qui est négatif dans notre pays. Je crois que souvent nous avons tendance à croire que le groupe social auquel nous appartenons constitue la société. Je ne le pense pas quant à moi. La classe moyenne à laquelle, je crois, nous appartenons toi et moi et beaucoup de membres de notre forum, a tort de croire que les autres groupes sociaux partagent sa vision.
Je sais qu'une telle approche fait peur, parce qu'elle constitue une sorte de déchirement, mais elle ne doit pas pour autant être exclue.
Je me rappelle combien l'avènement du parti dit islamique avait déjà mis à nu cette différenciation et combien les classes moyennes, hormis celles de la bourgeoisie commerçante, qui d'ailleurs pris vite ses distances en créeant le parti Hamas, ont été traumatisées par les choix idéologiques offerts.

Tant qu'il n'y aura pas débat en haut, il y aura toujours des bas et pas de hauts ; pourtant, on peut vivre aisément entre frères et "çœurs" pour peu que chacun écoute l'autre. Or... l'or dur a fini par détourner le fleuve tranquille.
Lem

Sages paroles.

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