Au printemps de 1832, des envoyés d’une tribu du Sud avaient été dépouillés par des maraudeurs, à quelque distance d’Alger ; le fait s’était passé sur le territoire où était campée la tribu des El-Ouffia ; alors :
« En vertu des instructions du général en chef de Rovigo, un corps de troupe sorti d’Alger, pendant la nuit du 6 avril 1832, surprit au point du jours la tribu endormie sous ses tentes, et égorgea tous les malheureux El-Ouffia sans qu’un seul chercha même à se défendre. Tout ce qui vivait fut voué à la mort ; on ne fit aucune distinction d’âge ni de sexe. Au retour de cette honteuse expédition, nos cavaliers portaient des têtes au bout des lances. » (Christian : L’Afrique française, p. 143.)
« Tout le bétail fut vendu à l’agent consulaire du Danemark. Le reste du butin fut exposé au marché de la porte Bab-Azoun (à Alger). On y voyait des bracelets de femme qui entouraient encore des poignets coupés, et des boucles d’oreilles pendant à des lambeaux de chair. Le produit des ventes fut partagé entre les égorgeurs. Dans l’ordre du jour du 8 avril, qui atteignit les dernières limites de l’infamie, le général en chef eut l’impudence de féliciter les troupes de l’ardeur et de l’intelligence qu’elles avaient déployées. Le soir de cette journée à jamais néfaste, la police ordonna aux Maures d’Alger d’illuminer leurs boutiques, en signe de réjouissance. » ( Dieuzalde : Histoire de l’Algérie, tome I, p. 289.)
« Or, quelques jours après, ont sut que cette tribu n’avait été pour rien dans la mésaventure arrivée aux envoyés du Sud, ceux-ci ayant été victimes d’hommes appartenant à la tribu toute différente des Krechnas. Ce qui n’empêcha pas, bien que l’innocence des El-Ouffia fût déjà connue, de condamner à mort le cheik des El-Ouffia, qu’on avait soigneusement épargné lors du massacre et de l’exécuter, ainsi qu’un autre notable aussi innocent que lui. » ( Baron Pichon : Alger sous la domination française, p. 186.)
L’auteur de ces assassinats, le général en chef duc de Rovigo, avait son village, un village de colonisation portant son nom, à quelques kilomètres du lieu où furent assassinés les El-Ouffia !
El hamdoulilah, Grâce soit rendue à Dieu, ce village porte aujourd'hui le nom d'un valeureux combattant chahid de notre guerre de libération le toujours souriant Colonel Si M'hamed BOUGARA