LONDRES (ROYAUME-UNI) [08.03.10] – Quatre cents ans après son exécution, un portrait de la reine Elisabeth I d’Angleterre conservé à la National Portrait Gallery de Londres livre un bien curieux secret. Derrière le bouquet de fleurs que tient la reine apparaît un énigmatique serpent.
Une décoloration due à la détérioration du tableau qui jetait une ombre en spirale sur le bouquet que tient la reine Tudor a amené les spécialistes à faire une découverte surprenante. L’artiste anonyme qui a peint le portrait d’Elisabeth I entre 1580 et 1590 avait d’abord représenté la reine tenant un serpent entre ses doigts.
Selon Tarnya Cooper, conservatrice des peintures du XVIe siècle à la National Portrait Gallery, cette forme de représentation est assez inhabituelle. A sa connaissance, « aucun portrait de la reine ne la représente tenant un serpent ». Les portraits traditionnels de la reine la présentant le plus souvent avec un bouquet à la main, symbole de virginité et de vertu.
« Il y a eu un large éventail de symboles pendant la période élisabéthaine et le serpent avait une symbolique double » précise David Starkey, historien spécialiste des Tudor. Il pouvait être symbole de sagesse et de prudence, mais dans l’iconographie chrétienne, il est associé au péché et au mal.
Prenant en compte cette dernière signification et pensant qu’elle ne serait pas au goût des docteurs de la cour qui surveillaient étroitement la réalisation des portraits royaux, l’artiste aurait remplacé le serpent par un bouquet de roses, fleur emblématique des Tudor, a ajouté la conservatrice du département.
Les conservateurs soupçonnaient de plus en plus un élément caché. Ce sont des analyses au rayon X et autres techniques infra-rouge effectuées ces derniers mois qui ont permis de découvrir la présence du reptile. Les chercheurs affirment même qu’il était complètement achevé avant qu’il ne soit repeint juste avant l’étape finale de l’application du vernis.
La National Portrait Gallery possède le tableau depuis plus d’un siècle, mais il n’a pas été présenté dans les salles depuis 1921 à cause de son état de conservation. Il fera partie, le mois prochain, d’une exposition intitulée « Concealed and Revealed. The Changing Faces of Elisabeth I » présentant des tableaux de la reine des années 1560 à après la mort de celle-ci en 1603.
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