Mokdad Sifi décline l’invitation de la Commission Bensalah
Par Sonia Lyes in TSA 1er juin 2011
L’ancien chef du gouvernement, Mokdad Sifi, a décliné, ce mercredi 1er juin, l’invitation du président de la Commission de consultations sur les réformes, Abdelkader Bensalah, jugeant la démarche « inappropriée » et refusant de la « cautionner ». « Je ne souhaite pas, en vous rencontrant, cautionner, par ma présence, la démarche retenue dans le cadre de vos consultations, démarche que je considère inappropriée face à l’enjeu éminemment politique », écrit M. Sifi dans une lettre en réponse à l’invitation de M. Bensalah. Il a estimé que l’initiative de ces consultations n’avait aucune utilité pour le pays et que les réformes projetées ne pouvaient, en aucun cas, « être le produit de réaménagements de textes de loi » car, à ses yeux, le problème est politique et réside dans la violation « par les centres de pouvoir »de ces textes.
« Le problème du pays n’est donc pas d’ordre juridique, mais d’essence politique. Il découle de la volonté délibérée et déclarée du pouvoir, illégitime d’ailleurs, de se situer au‑dessus de la loi, allant à contre‑courant des aspirations légitimes du peuple et notamment de la jeunesse, y compris universitaire, abandonnée, brimée, désemparée, sans projet, sans perspectives, sans possibilité de recours et poussée, ainsi, à tous les extrémismes(…) », a écrit l’ancien chef du gouvernement (avril 1994‑décembre 1995) et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 1995 remportée par Liamine Zeroual.
M. Sifi a considéré que le pouvoir n’avait pas encore tiré les leçons des révolutions arabes. « En réduisant la solution de cette crise à de simples réformes juridiques, le pouvoir algérien, par cécité politique et culturelle, incompétence et léthargie, n’a pas saisi la véritable nature ainsi que la portée de la révolte des peuples arabes ».
Comme d’autres responsables reçus par cette commission, M. Sifi suggère, pour dépasser la crise, l’instauration d’une période de transition conduite par un gouvernement de transition, adossé à un conseil de sages chargé d’amender la Constitution, d’organiser des élections présidentielles et législatives et de veiller à libérer les champs politique et médiatique.
L’armée, selon lui, devra s’engager à accompagner ce processus et à œuvrer à son succès. « Nous vivons un moment historique où de graves responsabilités historiques doivent être assumées par nos gouvernants et par chacun de nous ». Faute de quoi le changement viendra par le chaos, prédit‑il. « La démarche retenue dans le cadre de vos consultations est susceptible, par ses atermoiements et temporisations, d’exacerber et de précipiter un dénouement violent de la crise, dénouement que nous voudrions tous éviter à notre Nation et à notre peuple », avertit l’ancien chef du gouvernement.