Quelques Autoportraits

Le désespéré, Gustave Courbet
Le désespéré est probablement le tableau le plus singulier et le plus mystérieux de la série des autoportraits de jeunesse de Gustave Courbet. Le désespoir dont il est ici question a-t-il été, à un quelconque moment, celui de l’artiste ou bien s’agit-il d’une « tête d’expression », un exercice théorique pour lequel le jeune Courbet aurait, par commodité et narcissisme, étudié son propre visage ? (..)
Le désespéré apparaît comme une œuvre-clef ; le choix de représenter le paroxysme de la crise,(...). Le cadrage resserré, le format horizontal, qui permet le déploiement dramatique des avant-bras, l’absence de détails anecdotiques et de toute échappatoire, imposent au spectateur une confrontation presque insoutenable.

Autoportrait à l'oreille coupée, Vincent Van Gogh
À cette époque, Van Gogh hébergeait son ami Paul Gauguin à Arles. Suite à une violente dispute, Van Gogh menaça Gauguin avec un rasoir. Pour s’autopunir, il se trancha le lobe de l’oreille avant d’aller l’offrir à une prostituée. Les deux hommes ne se revirent jamais.
Quelques mois plus tard, Van Gogh entra de plein gré à l’asile de Saint-Rémy-de-Provence, où il resta un peu plus d’un an.
Van Gogh mit fin à ses jours en juillet 1890, en se tirant une balle dans la poitrine.

Autoportrait, Pablo Picasso
L'Autoportrait (peint en 1901) est un tableau réalisé durant sa « période bleue » (1901 à 1903).

Cette période débute après le suicide d’un de ses proches amis, Carlos Casagemas, qui va beaucoup l’affecter et l'influencer (il en fera le portrait sur son lit de mort en 1901). Hanté par la mort, il entame une série de tableaux pratiquement monochromatiques bleu commençant en 1901 par La Femme en bleu et finissant par La Vie en 1903. Pour Picasso, la couleur bleue exprime la misère, la vieillesse, la mort et la froideur du monde, comme le témoignent les portraits réalisés deurant cette période : vieillard, femmes de mauvaise vie, aveugle ou mendiant…

L'Autoportrait est une huile sur toile de 81x60 cm, conservée au musée Picasso de Paris suite à la donation effectuée après le décès du peintre. Picasso se représente comme un personnage solitaire, abandonné, miséreux, vêtu d’un large manteau bleu foncé. Il est de trois-quarts à droite du tableau, laissant un espace tout le long de la bande gauche. Picasso a un regard vide, néanmoins dirigé vers le spectateur. À cette date, il n’a que 20 ans et apparaît volontairement sur cette peinture beaucoup plus vieux. Dans le fond, aucun paysage n’apparaît mais juste une couleur bleu clair, un peu verdâtre. Sa chevelure, très foncée, dont la couleur est quasi identique à celle du manteau, semble tout comme celui-ci être très schématisée sans aucun détail.

Rembrandt
Sans doute, aucun peintre n'a fait aussi souvent son propre portrait(environ quatre-vingts) . Rembrandt se choisissait comme modèle afin de résoudre avec succés les problèmes d'éclairage et de clair-obscur. il se livra le plus, se soumettant à une autoanalyse pénétrante. Le plus souvent, l'artiste supprime tous les détails narratifs au profit de l'expression et de la splendeur des couleurs, reflets de la vie intérieure.

Il semble ainsi difficile de dire aujourd'hui à quoi Rembrandt a pu réellement ressembler, mais son visage rude de paysan, marqué de profonds sillons se prêtait admirablement au jeu d'ombre, de pénombre et de lumière , Rembrandt ne manquait pas de s'éclairer artificiellement devant le miroir pour capter les moindres effets de lumière ainsi les ombres profondes qui couvrent son visage révèlent à peine ses traits, au profit de l'intensité de son regard.

Autoportrait au col de fourrure, Alberecht Dürer
Volonté de double sens donnée par DÜRER dans cet autoportrait : la dévotion à Dieu et la reconnaissance de son art comme don d’une grâce divine.
On connait nombre d’autoportraits de l’artiste, ce genre pictural étant trés répandu à l’époque. Mais les poses dans lesquelles il se représente habituellement sont plus conventionnelles (poses de trois quarts).
Ici, il a volontairement associé son image à celle du Christ. Il s’est pour cela inspiré de tableaux acheiropoïètes( représentant des miracles) et de représentations religieuses médiévales ; on peut aussi y voir un écho à l’Imitatio christi diffusé avant la réforme. Cette ressemblance est frappante, principalement par le traitement de la chevelure. Les mèches dorées et torsadées encadrent le visage et lui confèrent douceur et bienveillance. Le fond du tableau, sombre, contraste avec la lumière douce et chaude qui éclaire le portrait. Cette composition, pose frontale se détachant sur un fond sombre, permet la mise en valeur du sujet et intensifie la spiritualité présente dans le regard et la posture de l’artiste. Car les références au Christ sont multiples : la main aux doigts courbés sur le col rappelle de façon évidente le geste de la bénédiction et la composition triangulaire du tableau est une référence à la Trinité. A travers cette œuvre, DÜRER rend hommage au caractère divin de son art exprimé par son don de création.

L'artiste nous apporte l'esprit, le milieu fournit l'image, et le drame de l'art tourne autour du point d'équilibre où cet esprit et cette image se voient contraints de s'accorder.
Elie Faure
Merci Rawya

Admin a écrit:

Hormis Van-Gogh, tous se regardent, nous regardent. Tout est dans ce regard, face à soi, à son étrangeté au monde. Etre, c'est d'abord être solitaire, en fait nous sommes sûrs de l'existence de rien, sauf de nous mêmes, puisque nous nous pensons, pour paraphraser Descartes, mais mon Dieu combien cette conscience de nous-mêmes, qu'exprime singulièrement l'auto-représentation, est douloureuse comme une naissance, un accouchement. Merci Rawya de ce voyage à travers eux en soi et inversement.

Merci à toi Admin de ce portrait en mots !
Sartre a dit: Les mots boivent notre pensée avant que nous ayons eu le temps de la reconnaitre.

Enfin ! je suis très contente Lem que tu apprécie ce fil , en voyant ce que tu postais sur mon fil de votre maison idéale , j'étais désespérée

Merci Fialyne pour cette citation

Elisabeth vigée lebrun
Elle s’auto-représente souvent avec sa palette et ses pinceaux à la main, comme si elle était fière de son talent d’artiste peintre, ou plutôt de percer dans un milieu d’hommes, qui a grandement ouvert ses portes à la gent féminine, au 18ème siècle, pour se refermer avec l’avènement de la révolution française.

Egon Schiele, Autoportrait hurlant
En 1910, en rupture avec l'héritage de Klimt, isolé et en marge dans l'impitoyable société viennoise, Egon Schiele s'engage dans une introspection morbide et paroxystique. L'interrogation incessante de la matérialité du corps prend, dans de nombreux portraits et autoportraits d'un expressionnisme poussé jusqu'à la déformation des visages et des membres osseux, une dimension dramatique, obsessionnelle et angoissée.

Euh, les deux extrêmes ! Je préfère la jolie Vigée-Lebrun au plan artistique, bien-sûr

D'accord avec Admin.
Et de loin, pour ne pas dire trois loins...

Bien tourné Lem !

Wertheim, Autoportrait
Le travail de C. A. Wertheim (1962- ) consiste essentiellement en de nombreux autoportraits faits de divers matériaux et dans différents styles. L’artiste utilise le plus souvent des matériaux humbles comme de vieilles enveloppes, des emballages ou des étiquettes. Ces objets ou détritus glanés dans sa vie quotidienne se mêlent étrangement avec de la peinture, ou des impressions.

Kabch !

Non, choughl omelette !