"La possibilité de mensonge complet et définitif, qui était inconnue aux époques antérieures, est le danger qui naît de la manipulation moderne des faits. Même dans le monde libre, où le gouvernement n'a pas monopolisé le pouvoir de décider ou de dire ce qui est ou n'est pas factuellement, de gigantesque organisations d'intérêts ont généralisé une sorte de mentalité de la raison d'État qui était auparavant limitée au traitement des affaires étrangères et, dans ses pires excès, aux situation de danger clair et actuel. Et la propagande à l'échelon gouvernemental a appris plus d'un tour des usages du business et des méthodes de Madison Avenue. Des images fabriquée pour la consommation domestique, à le différence de mensonges qui s'adressent à un adversaire étranger, peuvent devenir une réalité pour chacun et avant tout pour les fabricateur d'images eux-mêmes qui, tandis qu'ils sont encore en train de préparer leur 'produits' sont écrasés par la seule pensée du nombre de leurs victimes possibles. Il n'y a pas de doute que ceux qui sont à l'origine de l'image mensongère qui « inspire » les persuadeurs cachés savent encore qu'ils veulent tromper un ennemi à l'échelon social ou national, mais le résultat est que tout un groupe de gens, et même des nations entières, peuvent s'orienter d'après un tissu de tromperies auxquelles leurs dirigeant souhaitaient soumettre leurs opposants".
Hannah Arendt, "Vérité et politique", 1967, in La Crise de la culture, tr. fr. Claude Dupont et Alain Huraut, Folio, pp. 324-325.