Elles appellent cela du « terrorisme doux » et elles arpentent les rues de Montréal armées de leurs aiguilles à tricoter et de leurs pelotes de laine afin de pratiquer le « yarn bombing », un type de graffiti fait à partir de tricot qui recouvre le mobilier urbain.
Sous le couvert de leur pseudonyme artistique, Tricot Pirate, Mimi Traillette, Miss Rivière et Dinette sont toutes membres du collectif les Ville-Laines et s'adonnent à cette forme d'art de la rue insolite.
« Les couleurs colorées et les formes inusitées de la laine attirent l'œil des passants et les font sortir de leur quotidien. C'est une forme de réappropriation de l'espace citadin », explique Karine Fournier, alias Tricot Pirate.
Celle-ci est une des fondatrices des Villes-Laines et elle pratique le « yarn bombing » depuis près d'un an. Cette forme de protestation artistique prend de plus en plus d'ampleur à Montréal et existe déjà dans plusieurs grandes villes du monde.
Doux terrorismeContrairement aux autres formes d'art urbain telles que le « tag » ou le « scratchiti », qui endommagent la propriété publique, le « yarn bombing » ne laisse pas de marque permanente, ce que les membres des Ville-Laines utilisent à leur avantage.
« Lorsque les gens nous voient poser nos tricots sur les poteaux ou les arbres, ils ne sont pas offusqués, mais plutôt curieux. L'une d'entre nous s'est déjà fait interpeller par un agent de sécurité, mais il l'a laissé terminer, parce qu'il a vu que c'était plutôt inoffensif », relate Mimi Traillette, de son nom d'artiste.
Un art revendicateurInoffensif, mais pas insipide, puisqu'au travers de leurs tricots colorés, les Ville-Laines ont plusieurs revendications.
« Nous voulons provoquer une réflexion au sujet de la transformation urbaine. Nous combattons les espaces ternes et déshumanisés. Nous aimerions aussi inciter les gens à sortir de leur routine », précise Anne Buisson, alias Dinette.
En effet, le tricot, un processus de création lent requiert de la patience et fait opposition au style de vie instantané de la vie moderne, selon cette dernière.
Bien qu'elles aient commencé en pratiquant leur art « guerrilla style », c'est-à-dire sans la permission des propriétaires de leurs cibles, les membres du collectif sont en train d'officialiser le « yarn bombing ».
Lors des Journées de la culture, celles-ci avaient décoré la station Lionel-Groulx et des rames de métro. Il sera possible de voir leurs exploits artistiques cette fin de semaine à l'occasion d'Art souterrain au Centre de Commerce mondial de Montréal.
Source : France 24h
http://www.24hmontreal.canoe.ca/24hmontreal/actualites/archives/2012/03/20120308-174907.html