Liberte 13/06/2009
Reconnu coupable du meurtre du professeur Mohamed Benchehida, chef du département informatique de l’université de Mostaganem, l’étudiant B. Charef a été condamné à la réclusion perpétuelle, à l’issue de sa comparution, mercredi passé, devant le tribunal criminel près la cour de Mostaganem.
“J’ai apporté le couteau tout juste pour menacer le défunt afin qu’il me remette le relevé de notes me permettant la réinscription pour une nouvelle année. Je n’ai jamais eu l’intention de le tuer, et j’ignore le démon qui s’est emparé de moi au moment du drame !”, a obstinément soutenu le prévenu B. Charef.
Sans la moindre émotion manifeste, l’accusé commencera par présenter ses condoléances à la famille du défunt, avant de relater sa version des faits. Ainsi, retiendra-t-on que “l’antagonisme” remonte au printemps 2008, au lendemain de l’affichage des notes du module “réseaux”. Samedi 18 octobre, le cours des évènements vire subitement au drame. B. Charef se présente au département informatique, un poignard de 26 cm, dont 12,5 cm de lame, dissimulé sous son pantalon. “Je craignais une volte-face du défunt quant à la remise de mon relevé de notes !”
Le premier coup est porté au visage. L'enseignant tente d’échapper à l’assaillant en reculant le buste. L'étudiant meurtrier avance vers le bureau. Le défunt est touché au thorax. Le diaphragme est transpercé. L’estomac et l’abdomen sont atteints. La victime s’affaisse dans d'atroces douleurs sous le bureau, ce qui n'empêchera pas l’étudiant d’asséner d’autres coups de couteau.
Deux agents de sécurité, alertés par les cris des employées, accourent. Le meurtrier armé est acculé contre un mur à l’aide d’un bureau. Dans son emportement, l’assassin asséna le 13e coup de poignard au meuble avec lequel on le “coinçait”. Le forfait consommé, l’assassin se soumet aux agents de sécurité, puis à la police. Mohamed Benchehida est évacué agonisant aux UMC, où il ne tarda pas à rendre l’âme.
Les avocats de la partie civile se sont attachés aux qualités et à l’apport du défunt à l’université. Ils mettront en exergue la “bestialité” de l’agression, concrétisée par “pas moins de 12 coups de couteau d’une longueur de 26 cm”. Le représentant du ministère public se basera sur le rapport de l’autopsie pour démontrer la gravité et la fatalité des plaies. Il n’omettra pas de mettre en relief le statut de fonctionnaire de la victime et que “jamais aucun recours, ni plainte n’ont été introduit auprès de la hiérarchie !” La peine capitale, telle sera la conclusion du réquisitoire.
Mettant à profit le témoignage du collègue ayant assisté à l’agression, les avocats de la défense tenteront d’évacuer la préméditation de l’acte criminel. “Celui qui a l’intention de tuer ne dira pas, je te marquerai à vie pour que tu t’en souviennes” “au moment où il porte le coup au visage de son vis-à-vis !”, plaidera-t-on. À 20h30, en ce mercredi 10 juin 2009, le verdict est tombé : la réclusion perpétuelle au lieu de la peine de mort.