La faim devrait faire plus de 1 milliard 20 millions de victimes dans le monde en 2009, d’après les prévisions de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Un niveau historique qui s’explique par la crise économique et les prix toujours élevés des denrées alimentaires. Pourtant, le budget du Programme alimentaire mondial n’a jamais été aussi bas.
Le contexte
- La crise économique a démarré dans la foulée d’une grave crise alimentaire, qui a surtout frappé les pays les plus pauvres. Dès la fin de l’année 2007, des "émeutes de la faim" ont éclaté en Afrique (Côte-d’Ivoire, Cameroun), en Asie (Indonésie, Philippines) et en Haïti, pour protester contre la hausse continue du prix des denrées et l’exploitation des terres agricoles pour produire des agrocarburants.
- Les prévisions de la FAO sont tirées en partie d’une étude réalisée par le ministère de l’Agriculture des Etats-Unis, qui analyse l’impact de la crise économique sur le nombre de victimes de la faim dans le monde.
L’enjeu
Selon la FAO, un humain sur six devrait souffrir de la faim en 2009. Un chiffre inquiétant mais prévisible, car la crise alimentaire n’a cessé de s’étendre à travers le monde durant la dernière décennie. Le nombre de victimes de la faim est ainsi passé de 825 millions de personnes en 1996 à plus d’un milliard aujourd’hui.
Les pays en développement sont les plus touchés, avec 642 millions de victimes dans la région Asie-Pacifique, 265 millions en Afrique subsaharienne, 53 millions en Amérique latine et dans les Caraïbes, et 42 millions au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Les pays développés, en revanche, n’abritent "que" 15 millions de victimes de la faim.
"La crise silencieuse de la faim représente une grave menace pour la paix et la sécurité mondiales. Nous devons de toute urgence dégager un large consensus sur l'éradication totale et rapide de la faim dans le monde et prendre les mesures nécessaires à cet effet" a déclaré, fin juin, Jacques Diouf, directeur général de la FAO.
Le principal motif d’inquiétude est l’accélération du phénomène, avec 140 millions de personnes supplémentaires souffrant de la faim depuis 2007. Selon la FAO, cette hausse est la conséquence de la crise économique mondiale. La baisse des revenus et les pertes d’emplois ont encore un peu plus réduit l’accès des populations les plus pauvres à la nourriture.
Blaise Mao
In Revue GEO | 5 août 2009