15/03/2010
* Palmarès Forbes des hommes les plus riches du monde
La crise mondiale a confirmé, une nouvelle fois, qu'au cours des bouleversements économiques les riches deviennent encore plus riches et les pauvres, encore plus pauvres.
Par Vlad Grinkevitch, RIA Novosti
Le magazine américain Forbes a publié un nouveau classement des plus grandes fortunes du monde. A la fin de 2009, année de crise, la liste des milliardaires s'est allongée de 793 à 1011 et leur fortune commune s'est accrue de 50% en passant de 2400 milliards à 3600 milliards de dollars. En Russie, le nombre de milliardaires a presque doublé en un an: selon le classement précédent, il y avait 32 milliardaires dans notre pays, à présent, il y en a 62. Les auteurs du classement estiment que l'accroissement du nombre de riches atteste la fin de la récession, mais ce résultat peut témoigner aussi du gonflement de nouvelles bulles spéculatives.
Le Mexicain Carlos Slim Helu, magnat des télécommunications (53,5 milliards de dollars), est devenu l’homme le plus riche du monde, détrônant le leader du classement 2009 Bill Gates (53 milliards de dollars), le fondateur de Microsoft. Le célèbre spéculateur financier Warren Buffet (47 milliards de dollars) a reculé à la troisième place. Mais cela ne signifie pas que Gates et Buffet soient devenus plus pauvres, bien au contraire, les deux magnats ont accru leurs capitaux en un an, respectivement, de 13 milliards de dollars et de 10 milliards de dollars.
Des changements tactiques sont également survenus sur la liste des principaux milliardaires russes. Ainsi, le président du groupe ONEXIM Mikhaïl Prokhorov qui a accru en un an son capital de 9,5 milliards de dollars à 13,4 milliards de dollars a cédé sa place à Vladimir Lissine, président du conseil des directeurs du combinat métallurgique de Novolipetsk (classé cinquième il y a un an) dont la fortune est évaluée à 15,8 milliards de dollars.
Le nombre de milliardaires s’est accru de 200 et leur capital commun de 50% malgré la crise, fait qui semble paradoxal, mais seulement à première vue. Ce résultat est logique si l'on se souvient comment les gouvernements du monde entier ont lutté contre la crise économique. Les mesures anti-crise se réduisaient, pour l'essentiel, aux investissements dans l'économie: les États-Unis ont dépensé plus de dix mille milliards de dollars à cette fin. Dans les conditions de la réduction mondiale de la production, les sommes allouées ne pouvaient être employées que sur le marché des valeurs et, partiellement, sur le marché des matières premières, en engendrant de nouvelles bulles financières. En fin de compte, les prix du pétrole sont passés de 47 dollars le baril en décembre 2008 à environ 80 dollars le baril aujourd'hui. Les indices boursiers mondiaux poursuivent également leur ascension irrésistible. Par exemple, en 2009, le marché russe des valeurs a connu une hausse de plus de 100%.
Des déplacements sont survenus non seulement sur les listes des super-riches, mais aussi parmi les pays-leaders selon le nombre de milliardaires qui y vivent. La Chine qui continue à améliorer ses indices économiques malgré la crise (en 2009, son PIB s'est accru de 8,7%) a fait régresser sur la liste des milliardaires la Russie de la deuxième position à la troisième: 64 milliardaires contre 62, respectivement. Mais un autre détail retient l'attention: en Russie qui vit la crise plus durement que la majorité des pays développés, et même que certains pays émergents (en 2009, son PIB a chuté de 7,9%), le nombre de milliardaires a doublé en un an.
Le nombre de milliardaires russes est en corrélation avec le prix des matières premières, avant tout du pétrole et des métaux, a fait remarquer dans une interview à RIA Novosti le rédacteur en chef du magazine Forbes, Steve Forbes. L'année dernière, la chute des prix a réduit la liste des milliardaires russes de 50. A présent, "ils sont revenus avec la montée des prix des matières premières".
Certes, la hausse des prix du pétrole a joué son rôle, mais pas seulement cela. Le directeur du département d'analyse stratégique de la société FBK, Igor Nikolaïev, rappelle que la Russie a lutté contre la crise par les mêmes méthodes que d'autres Etats, mais elle y a réussi plus que d'autres. En proportion (par rapport au PIB), la somme des fonds publics investis par le gouvernement russe dans l'économie a substantiellement dépassé les indices analogues des pays d'Europe et des Etats-Unis. Steve Forbes l'a délicatement qualifié de "coopération du gouvernement avec les grandes compagnies, surtout celles spécialisées dans les matières premières".
D'ailleurs, les fonctionnaires russes, y compris ceux au plus haut niveau, ont maintes fois déploré que l'argent alloué à la lutte contre la crise soit dépensé pour des opérations spéculatives soit dépose sur les comptes dans des banques étrangères.