Saison de migration vers le Nord / Notes de lecture
par Ekwerkwe
Lorsque l'étudiant soudanais revient au village, après trois années d'études en Europe, il retrouve la tranquillité du village, les visages aimés et familiers, et parmi eux un nouveau-venu, un homme fascinant et mystérieux, Mustapha. Et avant de disparaître, ce dernier lui confie ses souvenirs, ses enfants et sa femme.
Tout dans ce roman s'oppose, s'affronte, avec une violence parfois larvée, parfois éclatante, qui se solde par un drame inévitable. Mais Tayeb Salih ne se contente pas des classiques lignes de fracture qui séparent hommes et femmes, jeunes et vieux, tradition et modernité, ici et ailleurs. Il les redessine subtilement, et fait naître de nouveaux territoires difficiles à catégoriser. Ainsi la vieille femme qui souhaite au narrateur une femme excisée passe ses journées à boire, fumer et rire très crûment avec les anciens du village. Ainsi l'intellectuel brillant qui a passé sa vie en Angleterre trouve la paix dans un village perdu du Soudan. Ainsi le grand-père du narrateur, homme d'une seule femme dans une société polygame, soutient le mariage forcé.
C'est un roman fortement (quoique subtilement) moraliste, dont la portée va bien au-delà de la tragédie qu'il raconte.