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Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
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| Sujet: Origines de l'appellation d'Aissa -Salut sur lui- correspondant à Jésus en français Sam 16 Oct - 0:54 | |
| En parcourant le Net, j'ai trouvé, sur un forum s'intéressant aux origines de l'appellation Aissa correspondant à Jésus en français. http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=9255&postdays=0&postorder=asc&start=15 un propos, signé du pseudonyme de "coolspot" qu'il m'a semblé intéressant de porter à la connaissance de nos membres, pour la force de la démonstration et la précision des concepts, mais aussi la maitrise du texte coranique et la justesse de la traduction. Merci à l'auteur de sa contribution qui nous change des approximations ambiantes :
1. Yehoshua (יהושע) signifie : « Dieu sauve ». (Cette forme a donné en français Joshua) 2. Yeshoua (ישע) en est une forme hébraïque abrégée. 3. Iēsoûs ( Ἰησοῦς) est la forme hellénisée. 4. Iesus est la forme latinisée. 5. Jésus est la francisation du Iesus latin (de même que Jesus en anglais)
En arabe : - Chez les Chrétiens : Yèssou3 (يسوع) est l’arabisation de Yeshoua (ישע) ou de la forme araméenne. - Chez les Musulmans : 3issa (عيسى) serait probablement l’arabisation de Iēsoûs ( Ἰησοῦς) ou de Iesus, voire d’une forme similaire dans un autre idiome.
Dans la façon d’orthographier Yehoshua en arabe 3issa (عيسى), je ne vois pas plus d’ambivalence que dans celle de l’orthographier (Jésus) en français. Chaque langue a pris le terme dans l’idiome qui lui était familier. Ainsi, le français et l’anglais ont utilisé le terme latin (lui-même une déformation du mot grec) qu’ils ont déformé en remplaçant le « i » par un « J ». Un Y aurait certes mieux convenu. De Yehoshua (יהושע) jusqu’ à Jésus, il y a eu bien des modifications !
Le Yèssou3 (يسوع) arabo-chrétien, est la forme la plus fidèle au nom hébraïque Yehoshua (יהושע), plus fidèle que le Jésus français et que le 3issa arabo-musulman. C’est sans doute une syrianisation (syriaque) de Yeshoua (ישע) ou de Iēsoûs ( Ἰησοῦς) qui est passé en arabe lors de l’arabisation due aux conquêtes islamiques.
3issa (عيسى) est très proche des formes grecque et latine (Iēsoûs ( Ἰησοῦς) ; Iesus), mais peut dériver d’une autre langue géographiquement proche de la Mecque. Le terme 3issa (عيسى) n’a pas été crée dans le Coran. En effet, il existait des Chrétiens autour de l’Arabie, dans l’Arabie elle-même et à la Mecque aussi. Le grand-père de Mouhamed était un hanif, c’est-à-dire un monothéiste qui croyait en la religion d’Abraham. Mouhamed lui aussi était un hanif et s’isolait une fois l’an dans une grotte pour méditer en paix. Mouhamed avait été, entre autres, en contact avec des Chrétiens et des Juifs et le contenu du Tanakh (bible juive) et des Evangiles (canons et apocryphes) était connu des Arabes d’Arabie. Ainsi, lorsque le message a commencé à être délivré aux Mecquois, les personnages bibliques ou non, et les récits étaient déjà connus par la population.
Selon cette vision, il n’y a pas de raison de croire que le nom utilisé pour désigner Yehoshua (יהושע) ait été différent de celui qui avait précédemment cours en ce lieu.
Sinon, concernant une possible ambivalence de l’islam vis-à-vis de Yehoshua (יהושע), elle existe, comme elle n’existe pas. Vous me direz que c’est paradoxal et vous avez raison.
A. Il y a une possible ambivalence car Yehoshua est présenté dans le Coran comme un prophète hors-normes, né d’une vierge, fortifié par le Saint-Esprit et Verbe de Dieu :
- Le fils miraculeux d’une vierge (Marie : مريم) (Sourate XXI : Les prophètes, verset 91) و اللتي أحصنت فرجها، فنفخنا فيها من روحنا و جعلناها و أبنها آية للعالمين Et celle qui était restée vierge… Nous lui avons insufflé de Notre Esprit. Nous avons fait d’elle et de son fils un signe pour les mondes.
- Participation du Saint-Esprit (روح القدس) à sa conception miraculeuse : (Sourate II : La vache, verset 87) أتينا عيسى إبن مريم البيّنات و أيّدناه بروح القدس Nous avons accordé des preuves incontestables à Jésus, fils de Marie et nous l’avons fortifié par le Saint-Esprit. (Remarque : Pour les musulmans, le Saint-Esprit est personnifié par l’archange Gabriel)
- Le Verbe ou Logos (Sourate III : La famille de Amran, verset) إذ قالت الملائكة : يا مريم، إن الله يبشّرك بكلمة منه أسمه المسيح عيسى إبن مريم Les anges dirent : « Ô Marie, Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de Lui. Son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie […] »
B. Dans le même temps, il n’y a pas d’ambivalence.
Pour parler d’ambivalence, il faudrait se référer à une vision de Yehoshua qui serait l’unique et réelle vision possible. Or la conception chrétienne de Jésus qui a cours actuellement, n’a pas toujours fait l’unanimité au sein des églises. Longtemps, les Chrétiens se sont disputés à son sujet. Certains affirmaient que Jésus était un homme, d’autres qu’il était Dieu, etc. Les dogmes ont été fixés sous des pressions d’ordre politique en 325 (Concile de Nicée) et des textes non-conformes à ces dogmes ont été rejetés et dits apocryphes (voir ci-dessous en Nota)
Les caractéristiques chrétiennes de Yehoshua n’ont donc rien d’absolu. Elles sont le résultat d’un consensus tardif et le fruit de la volonté politique de l’empereur Constantin. Dès lors, toute autre conception de Jésus est possible et a droit de cité en dehors de la sphère chrétienne. En Islam, Yehoshua est reconnu comme :
- le fils d’une vierge. - le messie attendu par les Juifs (et non reconnu par eux). - le Verbe de Dieu. - le prophète qui combattra les peuples de Gog et Magog et l’Antéchrist. - etc. - Mais il n’est pas considéré comme le fils de Dieu, ni comme Dieu.
Il n’y aucun tabou concernant Yehoshua en islam. Le Coran stipule tout simplement que Jésus n’est pas mort sur la croix ; ce qui n'était pas une nouveauté en soi, puisque des écrits "apocryphes" l'affirmaient déjà auparavant. Pour anecdote, le résistant nationaliste Barabbas qui fut gracié par la population juive (selon les évangiles) se nommait « Yehoshua bar abba », soit en français « Jésus fils du père ».
NOTA : Dans le christianisme contemporain (toutes tendances confondues), il y a certains dogmes communs : - Dieu est amour - Dieu est constitué de trois hypostases : Père, Fils, Saint-Esprit - Jésus est Dieu qui s’est fait homme, voire le fils de Dieu - Jésus est le sauveur - Jésus est mort sur la croix, puis il a ressuscité Ceux qui ont rejeté ces dogmes ont été excommuniés (ex : les Ariens) ou ne sont pas considéré chrétiens par la grande masse des Chrétiens (ex : témoins de Jéhovah).
Concernant les écrits apocryphes ou canons, quelle est la part légendaire ou véridique ? Question très difficile à laquelle je ne tiens pas à répondre…
Voici certains textes des premiers siècles du christianisme qui présentent une autre version que celle admise actuellement par les Chrétiens.
Les actes de Jean (IIème siècle, attribué à Leucius Charinus) http://www.lechampdumidrash.net/articles.php?lng=fr&pg=145
Cette croix n’est pas la croix de bois que tu dois voir en descendant d’ici ; et je ne suis pas non plus celui qui est sur la croix, qu’à cette heure tu ne vois pas, dont tu entends seulement la voix. J’ai été pris pour ce que je ne suis pas, n’étant pas ce que j’étais aux yeux de beaucoup d’autres, mais une autre chose. Ils me nommeront une chose vile, indigne de moi. De même donc que le lieu du repos n’est pas vu et qu’on ne parle pas de lui, à bien plus forte raison le Seigneur de ce lieu ne sera pas vu et l’on ne parlera pas de lui
Apocalypse copte de Pierre (200-255) http://www.gnosis.org/naghamm/apopet.html
« Et je dis " qu’est ce que je vois, Seigneur, est-ce vous-même qu’ils prennent .....Ou qui est celui-ci, heureux et riant sur l’arbre ? Et est-ce un autre dont les pieds et les mains sont frappés ?".......le sauveur me dit : " celui que tu as vu sur l’arbre, heureux et riant, celui-là est le Jésus vivant. Mais celui-ci auquel on cloue les mains et les pieds et sa partie charnelle qui est un substitut mis à la honte, celui qui est venu est son semblant, regarde lui et moi »
Deuxième traité du grand Seth (IIème-IIIème siècles, ouvrage gnostique) http://www.naghammadi.org/traductions/textes/traite_seth_2.asp :
" Et Moi, j’ai souffert à leurs yeux et dans leur esprit, afin qu’ils ne trouvent jamais nulle parole à dire à ce sujet. En effet, cette mort qui est mienne et qu’ils pensent être arrivée, est arrivée pour eux dans leur erreur et leur aveuglement, car ils ont cloué leur homme pour leur propre mort. Leurs pensées en effet ne me virent pas car ils étaient sourds et aveugles, mais en faisant cela, ils se condamnaient. Ils m’ont vu, ils m’ont infligé un châtiment. C’était un autre, leur père. Celui qui buvait le fiel et le vinaigre, ce n’était pas Moi. Ils me flagellaient avec le roseau. C’était un autre, celui qui portait la croix sur son épaule, c’était Simon. C’était un autre qui recevait la couronne d’épines " | |
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