Après plusieurs mois d’une âpre bataille de coulisses pour le siège de directeur général de l’Unesco, occupé pendant dix ans par l’insignifiant Japonais Koichiro Matsuura, c’est finalement la diplomate bulgare, Irina Bokova, archétype de l’apparatchik communiste reconvertie aux valeurs du néoconservatisme américain, qui l’a emporté.
Soutenue par les États-Unis, l’Europe et le Japon, elle s’est imposée, après un cinquième round, contre le ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni, dont la candidature avait été soutenue, entre autres, par l’Union africaine, la Ligue des États arabes, l’Organisation de la conférence islamique, l’Inde et le Brésil.
Ministre de la Culture du premier pays arabe à avoir signé un traité de paix séparé avec Israël, il a été surtout combattu, avec une hargne sans précédent, par le lobby pro-israélien en Occident et, aussi surprenant que cela puisse paraître, par les courants intégristes en Égypte et dans le monde arabe.
L’appui massif et l’implication personnelle du président égyptien Hosni Moubarak auraient dû faire pencher la balance en sa faveur, vu l’état impressionnant des services rendus aux grandes puissances occidentales. Par exemple, sans le soutien moral et militaire de l’Égypte à la première guerre du Golfe contre l’Irak en 1991, George Bush senior n’aurait pas pu lancer sa Tempête du désert contre l’Irak. Mais ni la soumission aveugle de Moubarak à l’Occident, ni le maintien de l’Égypte en dehors du conflit israélo-arabe, malgré les innombrables guerres d’agression menées par Israël contre ses voisins, ne lui auront servi. La défaite de son poulain, Farouk Hosni, est en premier lieu un camouflet cinglant pour son régime. Mais aussi pour le Sud dans son ensemble.