Sondage | | Quel est le meilleur écrivain algérien ? | Mohammed Dib | | 14% | [ 186 ] | Malek Haddad | | 6% | [ 75 ] | Kateb Yacine | | 13% | [ 168 ] | Mouloud Mammeri | | 10% | [ 131 ] | Mouloud Feraoun | | 12% | [ 153 ] | Assia Djebbar | | 6% | [ 76 ] | Tahar Ouettar | | 4% | [ 55 ] | Abdelhamid Benhadouga | | 5% | [ 60 ] | Rachid Boudjedra | | 5% | [ 59 ] | Rachid Mimouni | | 5% | [ 67 ] | Yasmina Khadra | | 11% | [ 137 ] | Maissa Bey | | 5% | [ 59 ] | Ahlem Mosteghanemi | | 6% | [ 78 ] |
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| Un poème car à tout il faut un commencement | |
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+16Sameera16 TOUT LE MONDE Lem Rima Taria Sapiens Rosa Moula Azzou25 PINK Chant_des_Oiseaux Nadya Princesse Fuego Melissa Petite brise Admin 20 participants | |
Auteur | Message |
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Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Mar 8 Fév - 21:46 | |
| Cet instant
Avec mon sang aux mille oiseaux J'ai marché tout au long de la terre J'ai ri de l'argile J'ai renié le temps J'ai su parler à l'étranger
Avec mon sang couleur de jour J'ai dit oui à la mort et à son innocence J'ai refusé la nuit.
Andrée Chedid | |
| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 11 Mar - 18:53 | |
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Alphonse de LAMARTINE
LA TRISTESSE
L'âme triste est pareille Au doux ciel de la nuit, Quand l'astre qui sommeille De la voûte vermeille A fait tomber le bruit ;
Plus pure et plus sonore, On y voit sur ses pas Mille étoiles éclore, Qu'à l'éclatante aurore On n'y soupçonnait pas !
Des îles de lumière Plus brillante qu'ici, Et des mondes derrière, Et des flots de poussière Qui sont mondes aussi !
On entend dans l'espace Les choeurs mystérieux Ou du ciel qui rend grâce, Ou de l'ange qui passe, Ou de l'homme pieux !
Et pures étincelles De nos âmes de feu, Les prières mortelles Sur leurs brûlantes ailes Nous soulèvent un peu !
Tristesse qui m'inonde, Coule donc de mes yeux, Coule comme cette onde Où la terre féconde Voit un présent des cieux !
Et n'accuse point l'heure Qui te ramène à Dieu ! Soit qu'il naisse ou qu'il meure, Il faut que l'homme pleure Ou l'exil, ou l'adieu !
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| | | Lem Esthète
Age : 78 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 11 Mar - 19:18 | |
| Éloge de la tristesse ? Il fallait le faire ! Mais "naît" pas Lamartine qui veut. Merci Admin pour ce bon moment. | |
| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 11 Mar - 19:56 | |
| Merci à vous d'apprécier mon cher Lem | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 11 Mar - 20:33 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Ils m'ont dit Ven 18 Mar - 22:27 | |
| Ils m'ont dit tu n'es qu'un nègre juste bon à trimer pour nous j'ai travaillé pour eux et ils ont ri
Ils m'ont dit tu n'es qu'un enfant danse pour nous j'ai dansé pour eux et ils ont ri
Ils m'ont dit tu n'es qu'un sauvage laisse-là tes totems laisse-là tes sorciers va à l'église je suis allée à l'église et ils ont ri
Ils m'ont dit tu n'es bon à rien va mourir pour nous sur les neiges de l'Europe pour eux j'ai versé mon sang l'on m'a maudit et ils ont ri
Alors ma patience excédée brisant les noeuds de ma lâche résignation j'ai donné la main aux parias de l'Univers et ils m'ont dit désemparés cachant mal leur terreur panique meurs tu n'es qu'un traître meurs... pourtant je suis une hydre à mille têtes.
François Sengat-Kuo |
| | | Lem Esthète
Age : 78 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 18 Mar - 23:35 | |
| Ils disent, prédisent et médisent. Mais les châtiments sont là, qui contredisent... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Sam 19 Mar - 8:31 | |
| oui frangin et voilà un autre :
CHANT D’UNE ESCLAVE AFFRANCHIE PAR LE DÉCRET DE CONVENTION NATIONALE, SUR LE BERCEAU DE SON FILS.
PAR COUPIGNY
Au jour plus pur qui t’éclaire
Ouvre les yeux, ô mon fils !
Toi seul consolais ta mère
Dans ses pénibles ennuis ;
Si, du sommeil qui te presse,
Elle interrompt la douceur,
C’est qu’il tarde à sa tendresse
De t’éveiller au bonheur.
Quoi ! libre des ton aurore
Mon fils, quel destin plus beau !
De l’étendard tricolore
Je veux parer ton berceau
Que cet astre tutélaire
Brille à tes regards naissants ;
Qu’il échauffe ta carrières,
Même au déclin de tes ans !
En ton nom, à la patrie
Je jure fidélité :
Tu ne me dois que la vie,
Tu lui dois la liberté.
Sous le ciel qui t’a vu naître,
Rétabli dans tous tes droits
Tu ne connaîtras de maître
Que la nature et les lois.
Dieu puissant ! à l’Amérique
Ta main donna des vengeurs ;
Répands sur la République
Tes immortelles faveurs ;
Fais dans les deux hémisphères
Que ses appuis triomphants,
Forment un peuple de frères,
Puisqu’ils sont tous tes enfants ! |
| | | Lem Esthète
Age : 78 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Sam 19 Mar - 19:34 | |
| Je suis esclave de ces poèmes qui clament des vérités que les hommes imposteurs ne peuvent pas comprendre, et qui ne savent pas que la justice triomphe toujours car Dieu est vivant. Merci Fialyne. | |
| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Dim 20 Mar - 1:50 | |
| Voici un des premiers poèmes que j'ai appris à l'école, en récitation, j'avais même fait un beau dessin au crayon pour l'illustrer :
Les pauvres gens de Victor Hugo
Il est nuit. La cabane est pauvre, mais bien close. Le logis est plein d'ombre et l'on sent quelque chose Qui rayonne à travers ce crépuscule obscur. Des filets de pêcheur sont accrochés au mur. Au fond, dans l'encoignure où quelque humble vaisselle Aux planches d'un bahut vaguement étincelle, On distingue un grand lit aux longs rideaux tombants. Tout près, un matelas s'étend sur de vieux bancs, Et cinq petits enfants, nid d'âmes, y sommeillent La haute cheminée où quelques flammes veillent Rougit le plafond sombre, et, le front sur le lit, Une femme à genoux prie, et songe, et pâlit. C'est la mère. Elle est seule. Et dehors, blanc d'écume, Au ciel, aux vents, aux rocs, à la nuit, à la brume, Le sinistre océan jette son noir sanglot. | |
| | | Lem Esthète
Age : 78 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Dim 20 Mar - 14:01 | |
| Voici un autre à la mémoire de sa fille Léopoldine appelée "didine" que nous avions également appris en récitation.
Demain dès l'aube
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai - Vois-tu, je sais que tu m'attends - J'irai par la forêt, j'irai par la montagne - Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Honfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
(Les Contemplations)
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| | | Admin Admin
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Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Dim 20 Mar - 14:07 | |
| Oui ! Ainsi que "Elle avait pris ce pli" | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Dim 20 Mar - 16:03 | |
| Merci pour cette belle poésie. Je me souviens plutôt de celle-là de Verlaine:
Il pleure dans mon cœur
Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ?
Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s'ennuie, Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s'écœure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon cœur a tant de peine ! |
| | | Admin Admin
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Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Dim 20 Mar - 21:55 | |
| Oui, ce fut une des premières que nous avons eu à apprendre, avec Le Dormeur du Val de Rimbaud. Il est dommage qu'aujourd'hui on ne puisse pas apprendre ce genre de texte, qui invite à l"élévation de l'âme et à la qualité de la réflexion. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Dim 20 Mar - 22:18 | |
| Vous savez quoi, j'ai enseigné pendant 27 ans et je suis passée par plusieurs vagues d'enseignants, de programmes et de séminaires. Croyez-moi que si ces derniers étaient constructifs, j'en serais sortie avec un doctorat. Comme dans tous les domaines c 'était du faire semblant, non sans blâmer car les encadreurs étaient limités et les enseignants aussi. Ce qui entrainait la morosité et le dégoût pour les élèves et pour nous. Causes : Les plus belles parties des programmes n'étaient plus là et ne restait que ceux qui lassaient. Mais je me souviens de certains groupes de profs qui se débattaient seuls pour donner le meilleur d'eux-mêmes et ont produit la qualité. Je me suis ravie à lire dernièrement un auteur de haute envergure dans un commentaire sur un texte d'une Algérienne où il la félicitait pour son niveau croyant qu'elle sortait d'un enseignement supérieur quand elle le surprit par son non obtention du bac et des études arrêtées. Comme quoi...
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| | | Admin Admin
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Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Lun 21 Mar - 14:34 | |
| A la source des étoiles d'Ahmed Azeggah
Donnez mon pain Aux pauvres gens Donnez mes poèmes aux enfants Aux condamnés Ma liberté Aux amis Mes espérances Donnez mes armes Aux opprimés Donnez ma pitié Aux bourreaux Aux oiseaux Mes rêves fous Aux fleurs Mes larmes pour rosée Donnez donnez Donnez mon nom Donnez mon sang Mon avenir Laissez-moi seulement boire à la source des étoiles.
Ahmed Azeggah (Alger, 1966) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Sam 26 Mar - 18:04 | |
| Les Séparés
N'écris pas - Je suis triste, et je voudrais m'éteindre Les beaux été sans toi, c'est la nuit sans flambeau J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre, Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau N'écris pas !
N'écris pas - N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes Ne demande qu'à Dieu ... qu'à toi, si je t'aimais ! Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes, C'est entendre le ciel sans y monter jamais N'écris pas !
N'écris pas - Je te crains; j'ai peur de ma mémoire; Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire Une chère écriture est un portrait vivant N'écris pas !
N'écris pas ces mots doux que je n'ose plus lire : Il semble que ta voix les répand sur mon coeur; Et que je les voix brûler à travers ton sourire; Il semble qu'un baiser les empreint sur mon coeur N'écris pas !
Marceline Desbordes-Valmore
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| | | Lem Esthète
Age : 78 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Sam 26 Mar - 19:42 | |
| Oui, l'écrit et les cris. Muchas gracias Fialyne. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Dim 27 Mar - 9:09 | |
| Merci à toi Lem. Ce texte est maintenant chanté par Julien clerc et bien d'autres.
Extrait -L'offrande Lyrique de Rabindranath Tagore
"Vie de ma vie, toujours j’essaierai de garder mon corps pur, sachant que sur chacun de mes membres repose ton vivant toucher. Toujours j’essaierai de garder de toute fausseté mes pensées, sachant que tu es cette vérité qui éveille la lumière de la raison dans mon esprit. Toujours j’essaierai d’écarter toute méchanceté de mon cœur et de maintenir en fleur mon amour, sachant que tu as ta demeure dans le secret autel de mon cœur.Et ce sera mon effort de te révéler dans mes actes, sachant que c’est ton pouvoir qui me donne force pour agir."
"Je te demande en grâce, permets qu’un instant je me repose à tes côtés. Les œuvres que j’ai entreprises, je les finirai par la suite. Privé de la vue de ta face, mon cœur ne connaît ni repos, ni répit, et mon labeur n’est plus qu’une peine infinie dans un illimité désert de peine. Aujourd’hui l’été est venu à ma fenêtre avec ses murmures et ses soupirs et les abeilles empressées font la cour au bosquet fleuri.Voici l’heure de la quiétude et de chanter, face à face avec toi, la consécration de ma vie, dans le silence de ce surabondant loisir."
«Je ne sais de quel temps reculés, à ma rencontre tu viens à jamais plus proche. Ton soleil et tes étoiles, jamais, ne pourront te tenir caché de moi pour toujours. Maint soir et maint matin le bruit de tes pas s’est fait entendre ; ton messager est venu dans mon cœur et m’a secrètement appelé. Je ne sais pourquoi ma vie est aujourd’hui éperdue, et une frémissante joie circule au travers de mon cœur.C’est comme si le temps était venu pour moi d’en finir avec mon travail, et je sens faiblement dans l’air un vestige odorant de ton exquise présence."
«Si quitter ce monde est une réalité aussi forte que l'aimer, alors il doit y avoir une signification dans les rencontres et les séparations de la vie.» |
| | | Lem Esthète
Age : 78 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Dim 27 Mar - 14:23 | |
| Ah! Que les mots sont magiques ! Des lettres, des mots, des phrases, des signes... et voilà que le film commence à se dérouler en relief sur écran géant, sans écran de fumée mais avec beaucoup de vapeur. Merci Fialyne pour ces bons moments. | |
| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Dim 27 Mar - 15:24 | |
| Très beau texte merci Fialyne. | |
| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Lun 4 Avr - 22:47 | |
| Walt Whitman 1819-1892
Chant de moi-même extrait du recueil (verset 24 "Feuilles d'herbe")
Walt Whitman, un cosmos, de Manhattan le fils, Turbulent, bien en chair, sensuel, mangeant, buvant et procréant, Pas sentimental, pas dressé au-dessus des autres ou à l'écart d'eux Pas plus modeste qu'immodeste.
Arrachez les verrous des portes! Arrachez les portes mêmes de leurs gonds!
Qui dégrade autrui me dégrade Et rien ne se dit ou se fait, qui ne retourne enfin à moi.
A travers moi le souffle spirituel s'enfle et s'enfle, à travers moi c'est le courant et c'est l'index.
Je profère le mot des premiers âges, je fais le signe de démocratie,
Par Dieu! Je n'accepterai rien dont tous ne puissent contresigner la copie dans les mêmes termes. A travers moi des voix longtemps muettes
Voix des interminables générations de prisonniers, d'esclaves,
Voix des mal portants, des désespérés, des voleurs, des avortons, Voix des cycles de préparation, d'accroissement, Et des liens qui relient les astres, et des matrices et du suc paternel. Et des droits de ceux que les autres foulent aux pieds, Des êtres mal formés, vulgaires, niais, insanes, méprisés, Brouillards sur l'air, bousiers roulant leur boule de fiente.
A travers moi des voix proscrites, Voix des sexes et des ruts, voix voilées, et j'écarte le voile, Voix indécentes par moi clarifiées et transfigurées.
Je ne pose pas le doigt sur ma bouche Je traite avec autant de délicatesse les entrailles que je fais la tête et le coeur. L'accouplement n'est pas plus obscène pour moi que n'est la mort. J'ai foi dans la chair et dans les appétits, Le voir, l'ouïr, le toucher, sont miracles, et chaque partie, chaque détail de moi est un miracle.
Divin je suis au dedans et au dehors, et je sanctifie tout ce que je touche ou qui me touche. La senteur de mes aisselles m'est arôme plus exquis que la prière, Cette tête m'est plus qu'église et bibles et credos.
Si mon culte se tourne de préférence vers quelque chose, ce sera vers la propre expansion de mon corps, ou vers quelque partie de lui que ce soit. Transparente argile du corps, ce sera vous! Bords duvetés et fondement, ce sera vous! Rigide coutre viril, ce sera vous! D'où que vous veniez, contribution à mon développement, ce sera vous! Vous, mon sang riche! vous, laiteuse liqueur, pâle extrait de ma vie! Poitrine qui contre d'autres poitrines se presse, ce sera vous! Mon cerveau ce sera vos circonvolutions cachées! Racine lavée de l'iris d'eau! bécassine craintive! abri surveillé de l'oeuf double! ce sera vous! Foin emmêlé et révolté de la tête, barbe, sourcil, ce sera vous! Sève qui scintille de l'érable, fibre de froment mondé, ce sera vous! Soleil si généreux, ce sera vous! Vapeurs éclairant et ombrant ma face, ce sera vous! Vous, ruisseaux de sueurs et rosées, ce sera vous! Vous qui me chatouillez doucement en frottant contre moi vos génitoires, ce sera vous! Larges surfaces musculaires, branches de vivant chêne, vagabond plein d'amour sur mon chemin sinueux, ce sera vous! Mains que j'ai prises, visage que j'ai baisé, mortel que j'ai touché peut-être, ce sera vous!
Je raffole de moi-même, mon lot et tout le reste est si délicieux! Chaque instant et quoi qu'il advienne me pénètre de joie, Oh! je suis merveilleux! Je ne sais dire comment plient mes chevilles, ni d'où naît mon plus faible désir. Ni d'où naît l'amitié qui jaillit de moi, ni d'où naît l'amitié que je reçois en retour.
Lorsque je gravis mon perron, je m'arrête et doute si ce que je vois est réel. Une belle-de-jour à ma fenêtre me satisfait plus que toute la métaphysique des livres. Contempler le lever du jour! La jeune lueur efficace les immenses ombres diaphanes L'air fleure bon à mon palais. Poussées du mouvant monde, en ébrouements naïfs, ascension silencieuse, fraîche exsudation, Activation oblique haut et bas. Quelque chose que je ne puis voir érige de libidineux dards Des flots de jus brillant inondent le ciel.
La terre par le ciel envahie, la conclusion quotidienne de leur jonction Le défi que déjà l'Orient a lancé par-dessus ma tête, L'ironique brocard: Vois donc qui de nous deux sera maître!
Walt Whitman (Traduction d'André Gide)
Ceci est le paragraphe 24, de "Song of myself", poème en 52 parties. Dans sa première édition en 1855, ce poème n'avait pas de titre, pour sa deuxième édition ce fut: "Poem Of Walt Whitman, An American." C'est seulement avec la troisième édition en 1882, qu'il prit le titre de "Song of myself".
***
Song of myself Poem of 52 parts. Paragraph 24 of 52.
Walt Whitman am I, a Kosmos, of mighty Manhattan the son, Turbulent, fleshy and sensual, eating, drinking and breeding; No sentimentalist-no stander above men and women, or apart from them; No more modest than immodest.
Unscrew the locks from the doors! Unscrew the doors themselves from their jambs!
Whoever degrades another degrades me; And whatever is done or said returns at last to me.
Through me the afflatus surging and surging-through me the current and index.
I speak the pass-word primeval-I give the sign of democracy; By God! I will accept nothing which all cannot have their counterpart of on the same terms.
Through me many long dumb voices; Voices of the interminable generations of slaves; Voices of prostitutes, and of deform'd persons; Voices of the diseas'd and despairing, and of thieves and dwarfs; Voices of cycles of preparation and accretion, And of the threads that connect the stars-and of wombs, and of the father-stuff, And of the rights of them the others are down upon; Of the trivial, flat, foolish, despised, Fog in the air, beetles rolling balls of dung.
Through me forbidden voices; Voice of sexes and lusts-voices veil'd, and I remove the veil; Voices indecent, by me clarified and transfigur'd. I do not press my fingers across my mouth; I keep as delicate around the bowels as around the head and heart; Copulation is no more rank to me than death is.
I believe in the flesh and the appetites; Seeing, hearing, feeling, are miracles, and each part and tag of me is a miracle.
Divine am I inside and out, and I make holy whatever I touch or am touch'd from; The scent of these arm-pits, aroma finer than prayer; This head more than churches, bibles, and all the creeds.
If I worship one thing more than another, it shall be the spread of my own body, or any part of it.
Translucent mould of me, it shall be you! Shaded ledges and rests, it shall be you! Firm masculine colter, it shall be you.
Whatever goes to the tilth of me, it shall be you! You my rich blood! Your milky stream, pale strippings of my life. Breast that presses against other breasts, it shall be you! My brain, it shall be your occult convolutions.
Root of wash'd sweet flag! timorous pond-snipe! nest of guarded duplicate eggs! it shall be you! Mix'd tussled hay of head, beard, brawn, it shall be you! Trickling sap of maple! fibre of manly wheat! it shall be you!
Sun so generous, it shall be you! Vapors lighting and shading my face, it shall be you! You sweaty brooks and dews, it shall be you! Winds whose soft-tickling genitals rub against me, it shall be you! Broad, muscular fields! branches of live oak! loving lounger in my winding paths! it shall be you! Hands I have taken-face I have kiss'd-mortal I have ever touch'd! it shall be you.
I dote on myself-there is that lot of me, and all so luscious; Each moment, and whatever happens, thrills me with joy.
O I am wonderful! I cannot tell how my ankles bend, nor whence the cause of my faintest wish; Nor the cause of the friendship I emit, nor the cause of the friendship I take again.
That I walk up my stoop! I pause to consider if it really be; A morning-glory at my window satisfies me more than the metaphysics of books.
To behold the day-break! The little light fades the immense and diaphanous shadows; The air tastes good to my palate.
Hefts of the moving world, at innocent gambols, silently rising, freshly exuding, Scooting obliquely high and low.
Something I cannot see puts upward libidinous prongs; Seas of bright juice suffuse heaven.
The earth by the sky staid with-the daily close of their junction; The heav'd challenge from the east that moment over my head; The mocking taunt, See then whether you shall be master!
Walt Whitman | |
| | | Lem Esthète
Age : 78 Localisation : Algérie Humeur : Être gai et rire... c'est guérir !
Réputation : 53 Inscrit le : 13/01/2011
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Mar 5 Avr - 11:56 | |
| Thank you Admin pour avoir exhumé ce poème de Walt Whitman. Tout est merveilleux autour de nous, il suffit de savoir regarder. Or, on est trop regardant sur toutes ces beautés. Parce qu'on ne sait pas voir. Parce qu'on ne sait pas... | |
| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Mar 5 Avr - 14:02 | |
| Un peu crue comme expression, mais la poésie ne peut être seulement fleur bleue. | |
| | | Admin Admin
Localisation : Tahat Qualité : Fondateur Humeur : Vous n'avez aucune chance mais saisissez là.
Réputation : 72 Inscrit le : 21/10/2008
| Sujet: Re: Un poème car à tout il faut un commencement Ven 8 Avr - 18:16 | |
| De la Lumière !
Mehr Licht ! mehr Licht ! (Dernières paroles de Gœthe.)
Quand le vieux Gœthe un jour cria : « De la lumière ! » Contre l’obscurité luttant avec effort, Ah ! Lui du moins déjà sentait sur sa paupière Peser le voile de la mort.
Nous, pour le proférer ce même cri terrible, Nous avons devancé les affres du trépas ; Notre œil perçoit encore, oui ! Mais, supplice horrible ! C’est notre esprit qui ne voit pas.
Il tâtonne au hasard depuis des jours sans nombre, A chaque pas qu’il fait forcé de s’arrêter ; Et, bien loin de percer cet épais réseau d’ombre, Il peut à peine l’écarter.
Parfois son désespoir confine à la démence. Il s’agite, il s’égare au sein de l’Inconnu, Tout prêt à se jeter, dans son angoisse immense, Sur le premier flambeau venu.
La Foi lui tend le sien en lui disant : « J’éclaire ! Tu trouveras en moi la fin de tes tourments. » Mais lui, la repoussant du geste avec colère, A déjà répondu : « Tu mens ! »
« Ton prétendu flambeau n’a jamais sur la terre Apporté qu’un surcroît d’ombre et de cécité ; Mais réponds-nous d’abord : est-ce avec ton mystère Que tu feras de la clarté ? »
La Science à son tour s’avance et nous appelle. Ce ne sont entre nous que veilles et labeurs. Eh bien ! Tous nos efforts à sa torche immortelle N’ont arraché que les lueurs.
Sans doute elle a rendu nos ombres moins funèbres ; Un peu de jour s’est fait où ses rayons portaient ; Mais son pouvoir ne va qu’à chasser des ténèbres Les fantômes qui les hantaient.
Et l’homme est là, devant une obscurité vide, Sans guide désormais, et tout au désespoir De n’avoir pu forcer, en sa poursuite avide, L’Invisible à se laisser voir.
Rien ne le guérira du mal qui le possède ; Dans son âme et son sang il est enraciné, Et le rêve divin de la lumière obsède A jamais cet aveugle-né.
Qu’on ne lui parle pas de quitter sa torture. S’il en souffre, il en vit ; c’est là son élément ; Et vous n’obtiendrez pas de cette créature Qu’elle renonce à son tourment.
De la lumière donc ! Bien que ce mot n’exprime Qu’un désir sans espoir qui va s’exaspérant. A force d’être en vain poussé, ce cri sublime Devient de plus en plus navrant.
Et, quand il s’éteindra, le vieux Soleil lui-même Frissonnera d’horreur dans son obscurité, En l’entendant sortir, comme un adieu suprême, Des lèvres de l’Humanité.
Louise Ackermann, Poésies Philosophiques | |
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