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| La somme de toutes les émeutes | |
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| Sujet: La somme de toutes les émeutes Dim 23 Jan - 11:59 | |
| La somme de toutes les émeutes
Par Abdelmadjid Merdaci Sociologue, historien In Le Soir d'Algérie du 23 Janvier 2011
Les émeutes de ce début d’année 2011 appellent tant par leur violence – il y a eu mort d’hommes – leur extension territoriale que par leur relative durée, le décryptage d’autant plus qu’elles rajoutent objectivement au climat d’incertitudes et d’interrogations qui domine désormais la scène politique et médiatique nationale. Pour s’inscrire dans un «modus operandi» largement établi ces dernières années à travers le pays, elles paraissent néanmoins engager des enjeux autrement plus complexes que les injustes distributions de logements sociaux ou les bavures policières faisant souvent fonction d’embrayeurs à l’occupation violente de l’espace public et à la confrontation directe avec les forces de sécurité. L’inscription locale de ces confrontations, pour en circonscrire les enjeux, n’en a pas moins une efficacité pédagogique et politique nationale qui marque qu’il est à la fois possible de s’opposer aux pouvoirs publics et que la violence sociale est le seul code pour y parvenir. Pour apparaître, à tout le moins, comme la somme inédite de toutes les émeutes, les évènements de janvier ont-ils alors une vertu d’annonce, dans le sens d’une répétition générale d’une manière d’insurrection civile – civique ? –, à court ou long terme, contre le régime en place et pourraient-elles aussi avoir des conséquences politiques et institutionnelles significatives et durables, notamment en termes d’accélération du calendrier politique national ? Sans surprise, l’obsédant rappel d’Octobre 1988 – bien plus d’ailleurs que du «Printemps noir» – peut oblitérer la lecture des faits qui vise à légitimer le mythe de l’intervention des forces sociales – la jeunesse, les masses populaires – dans un cours de démocratisation mis en place, en son temps, par les tenants du pouvoir. Il convient au moins de rappeler au sujet de la fin des années 80, outre la crise économique restreignant de manière drastique les ressources de l’Etat, la crise politique ouverte autour des voies de sortie de l’autoritarisme, alors qu’aujourd’hui, dans une situation ostensiblement affichée d’opulence financière, l’absence d’alternative éthique et politique à un autoritarisme agonisant et archaïque semble bien constituer l’un des obstacles de la problématique de démocratisation de la société et de ses institutions. La quasi-simultanéité des manifestations en Tunisie, qui peut par ailleurs appeler de légitimes et sans doute instructives démarches comparatives, peut aussi faire en l’espèce fonction de brouillard ou d’illusoire aiguillon à ce qu’il est convenu de nommer «la contagion tunisienne». L’issue politique de la crise tunisienne, dont les termes ne semblent pas encore acquis pour se fonder sur l’effondrement brutal du régime autoritaire, ne s’y épuise pas pour autant. L’hiver des lacrymogènes est-il plus prégnant, en Algérie assurément, que le printemps de jasmin. Les analyses – à chaud faut-il le relever – s’accordent généralement à mettre la hausse des prix des produits de large consommation – huile, sucre, lait – au principe de ces mouvements sociaux invoquant un «ras-le-bol» et une «paupérisation accrue des catégories les plus défavorisées», associant à ces motifs d’autres registres prégnants du malaise social dans le pays, comme la question du logement ou celle du chômage. L’autre dimension soulignée par les observateurs porte sur l’identité des acteurs émeutiers dont la caractéristique première semble l’appartenance aux catégories juvéniles qui, rappelle- t-on, à l’occasion, constituent la majorité significative de la population. La presse rapporte ainsi les faits de violence – saccage d’établissements publics ou privés, incendies, routes coupées, jets de pierres – avec leur cortège de blessés, et pour l’heure au moins deux morts qui, tout en ouvrant droit à diverses conjectures – évoque-t-on sans surprise l’hypothèse de manipulation – souscrivent à son institution comme code ultime de sanction des conflits et ouvrent droit à une forme de légitimation de la répression. La discordance – relevée par le ministre de l’Intérieur – entre les classes d’âge des acteurs émeutiers et la nature économique et sociale qui serait à l’origine des mouvements sociaux en cause, peut de fait aller plus loin que la projection d’une révolte «contre l’humiliation des pères» et mettre en jeu, au-delà des chapardages signalés, de nouvelles formes de mobilisation et de légitimation de la violence de la société même contre les violences instituées de l’Etat dont le maintien, par le régime algérien, d’un état d’urgence est aujourd’hui exemplaire. Les images diffusées par les chaînes satellitaires qui accusent, une fois de plus, l’absurde contrôle politique de la télévision publique algérienne, accréditent la thèse, discutable, d’un embrasement auquel le silence, par ailleurs prévisible, du chef de l’Etat, confère, dans un contexte d’incertitude politique, une sourde prégnance de fin de règne. Chacun mesurera alors à quel point le communiqué de la chefferie de gouvernement déclinant des mesures administratives intéressant au mieux des opérateurs économiques signe l’incohérence d’une gouvernance, expose de manière spectaculaire l’autisme du régime, frappant de quasi-irréalité le rite désuet de «déclaration de politique générale» du Premier ministre – lui aussi étrangement absent – il y a pourtant si peu de temps devant le Conseil de la nation. Il s’agit aussi, d’une manière oblique, de valider la thèse d’une «émeute de la faim» qui a sans doute l’avantage précaire et momentané de donner du temps au temps, surtout celui de remettre en œuvre l’arsenal répressif de la justice comme annoncé. L’une et l’autre des réponses apportées par les pouvoirs publics risquent d’oblitérer le regard – sinon d’anesthésier la conscience sociale – sur des actions dont le trait principal aura été d’engager un processus de type préinsurrectionnel au moins dans ses formes, ses modalités de mise en mouvement et son étendue territoriale. Il est certes encore trop tôt pour prendre l’exacte mesure des évènements de ce début d’année, d’en faire le nécessaire inventaire et de revenir notamment sur le substrat de violence sociale en quête de support et d’opportunités qui les a caractérisés mais d’ores et déjà et avec les précautions requises, il convient d’y revenir ne serait-ce qu’avec la sourde intuition que s’y jouait autre chose qu’un violent happening juvénile. | |
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| Sujet: Re: La somme de toutes les émeutes Dim 23 Jan - 12:00 | |
| 1- La somme de toutes les émeutes La question de la nature même des émeutes n’est pas négligeable et il s’agit d’abord de répondre à la question de savoir si, effectivement, leur caractère national en est établi comme pourrait le donner à penser une cartographie de la contestation. Les divers témoignages publiés comme les commentaires ayant accompagné la présentation des évènements s’accordent sur un processus de diffusion des émeutes partant d’Oran, passant par Alger et touchant progressivement les principales villes de l’intérieur et il serait par ailleurs plus judicieux de parler d’effet multiplicateur que de diffusion stricto sensu. Les similitudes avaient été aussi relevées quant aux acteurs du mouvement et aussi quant aux modalités d’action et cibles. La démultiplication des émeutes à travers le territoire, fût-ce à l’identique, suffit-elle pour autant pour lui assurer une dimension nationale dont la nature ne saurait être alors que strictement politique et qui postulerait une forme au moins minimale de mise en cohérence ? Tous les observateurs s’accordent sur le constat de l’absence d’une inspiration ou projection politique explicitement posées qu’illustre par ailleurs la faible verbalisation du mouvement. Ceux qui s’en désolent ne manquent pas d’ailleurs de lancer un appel à «l’encadrement» du mouvement.
Faudra-t-il mesurer avec attention la concomitance de ces mouvements sociaux avec les fluctuations des prix sur le marché qui a donné vie à la thèse – récurrente en vérité – «d’émeutes de la faim» aveugle au poids et au rôle de l’économie informelle dans la redistribution des revenus en Algérie. Les poches de précarité sinon de réelle misère économique et sociale existent mais rien n’indique qu’elles aient pu peser directement dans le recours à l’émeute ou du moins autant ou plus que d’autres facteurs embrayeurs. Il n’est qu’à rappeler ici l’incapacité politique des pouvoirs publics à réguler le marché et à juguler la spéculation et les hausses – celles du Ramadan entre autres – généralement supportées par les consommateurs et il est difficile d’imaginer un effet aussi foudroyant des nouvelles dispositions de la loi de finances.
L’ombre portée des «bazaris», de leur articulation aux centres du pouvoir, pour ne pas être écartée, suffit-elle pour autant à faire de ces journées de janvier une nouvelle forme de négociation sociale et des jeunes manifestants des nervis à leur solde ? Que tout se soit aussi passé comme si les pouvoirs publics, sous la pression de la rue, aient été contraints à agir et qu’il en soit résulté un decrescendo de la violence qui confirmerait, en quelque sorte, la dimension essentiellement sociale du mouvement ne peut interdire de s’interroger sur les conditions de son délitement. La question reste posée de savoir quels enseignements les acteurs émeutiers au premier chef auront tirés d’une confrontation dont même la brièveté peut inciter à la circonspection. | |
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| Sujet: Re: La somme de toutes les émeutes Dim 23 Jan - 12:03 | |
| 2- Les émeutes du buzz Sous réserve d’approches mieux informées, on peut tenir, contre les illusions de l’évidence, que les émeutes de janvier 2011 s’inscrivent moins dans la répétition que dans l’annonce et valident elles, à leur façon, quelques-unes des caractéristiques majeures de la nouvelle société algérienne.
Sur un registre certes différent et si elles devaient répéter quoi que ce soit, ces journées de janvier pourraient renvoyer à l’immense happening de novembre 2009 ayant accompagné la qualification algérienne au Mondial 2010 et consacrant, au-delà de la dimension festive, la ville comme figure centrale de la formation du lien social.
Aujourd’hui encore, les conditions de cette urbanisation accélérée – de l’ordre de 40% de population urbaine au recensement de 1966 aux 90% pour cent projetés à l’horizon 2020 par les experts – continuent de nourrir les recherches spécialisées ou encore la littérature comme en témoigne l’inédite continuité thématique entre Ezilzel de Tahar Ouetar, datant des années 70, et Le rempart et la brèche de Badredine Mili, publié tout récemment. Sans entrer dans une analyse fine – encore nécessaire – de la diversité des processus d’acculturation urbaine, on peut faire le constat qu’il en est résulté moins la rurbanisation communément stigmatisée qu’une anomie algérienne puisant autant dans les violences des déracinements que dans celles des nouvelles modalités d’habiter, de circuler, de travailler, d’échanger au croisement de l’anonymat collectif et de l’impossible individuation.
Cette anomie algérienne est aussi celle des codes sociaux de la transmission mémorielle – familiales notamment – à laquelle la censure politique et /ou religieuse des espaces publics rajoute des charges de violence. En relevant que les acteurs émeutiers de 2011 peuvent, par leur inscription territoriale – le quartier, la cité – leur statut de précarité morale et leur appartenance générationnelle rappeler leurs aînés de 1988 ou encore d’autres séquences de ces dernières décennies, comment ne pas souligner l’absence de processus d’accumulation – de mise en mémoire en quelque sorte – des révoltes passées et d’une certaine manière d’une transmutation à la fois nationale et générationnelle de l’émeute et son institution en capital politique et symbolique de nature à peser sur le destin collectif ? Ce travail, à la fois politique, culturel, a été peu ou alors mal fait, qui aura peu contraint les effets d’une «désocialisation» des acteurs sociaux.
Est-ce cela sans doute qui a donné au parcours des émeutiers de janvier dernier cette dimension fragmentaire tant à travers les différents quartiers d’une ville que d’une ville du pays à une autre et il est aussi remarquable qu’il se soient, volontairement ou pas, assez généralement interdits les territoires de la centralité – politique forcément –, qui en auraient aussi modifié la portée, comme si les émeutes ne pouvaient faire sens que dans une manière d’interland stigmatisé. Sur un autre registre, ces émeutes urbaines sont aussi celles des mises en scène et particulièrement des mises en image et tant leurs acteurs que leur objet peuvent renvoyer au phénomène du «buzz médiatique», dont la photo de presse ou la superficielle couverture télévisuelle n’auront, en l’occurrence, restitué qu’une infime part alors que l’internet en aura été l’un des liens significatifs.
Expressions violentes de la fragmentation urbaine inscrite aussi d’une modernité contrariée, les parcours émeutiers de janvier 2011 procèdent, pour le moment, d’une logique de recommencement et toute infiltration égale, par ailleurs, ils valident, aux yeux des acteurs directs, la légitimité d’une contre-violence qui cible largement les symboles de l’Etat. S’ils n’avaient pas, comme cela avait été relevé, d’objectifs explicitement politiques, ils paraissent objectivement répondre aux violences d’une quotidienneté d’autant plus mal vécue qu’elles est scandée par les signes ostensibles de l’inégalité des droits, des chances.
L’impunité affichée des nouvelles féodalités issues ou associées au régime politique, la récurrence des scandales sans procès, le rétrécissement continu des opportunités d’emploi, l’échec du volontarisme de l’action publique à générer des nouveaux espaces d’expression participent, chacun sur un registre particulier, à la culture du désenchantement et au sentiment prégnant du poids d’une sourde violence dont l’Etat, ses institutions, ses agents seraient les vecteurs principaux.
Cette violence, quasiment consubstantielle de l’évolution de la société algérienne depuis l’indépendance, peut supporter des répits et sa résurgence dépendre de n’importe quel embrayeur. L’observation, pertinente, de la mise en cause de la nature du régime, de son autoritarisme ne rend pas nécessairement compte de la responsabilité de l’ensemble des institutions de la médiation sociale. | |
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| Sujet: Re: La somme de toutes les émeutes Dim 23 Jan - 12:07 | |
| 3- Une crise de la médiation Le face-à-face récurrent et violent entre les institutions de l’Etat et les acteurs sociaux renvoie à la crise structurelle de la médiation sociale en Algérie. La convocation politiquement intéressée d’une introuvable «société civile» algérienne marque, si besoin était, la quadrature du cercle du régime autoritaire entre l’obligation de se conformer aux normes instituées de l’Etat de droit – du moins au plan formel – et celles bien plus effectives de surveiller, contrôler, mailler en somme l’ensemble de la société.
L’expression la plus notoire de cet état de fait tient dans les statistiques impressionnantes des associations de tous ordres agréées, subventionnées – contrôlées – et leur incapacité à susciter, développer du lien social et/ou à représenter des postures alternatives à la puissance publique. Les échecs spectaculaires des ligues de droits de l’homme – formellement il en existe trois, en sus de l’instance officielle rattachée à la présidence de la République – à ancrer, dans une société qui en a tant besoin, la culture du respect de la personne humaine, de son intégrité et de ses droits civiques et politiques, pour tenir aux conjonctures partisanes ou aux ambitions, illustrent la difficulté d’imaginer, d’animer des contre-pouvoirs légitimes à la chape politique et sécuritaire imposée à la société.
En est-il aussi et de manière encore plus expressive pour les oppositions dont le discours politico-médiatique algérien convient, sans autre forme d’examen, qu’elles ont été laminées par le régime en place. Le tableau, à y regarder de plus près, pour être contrasté, peut aussi surprendre qui fait de la substitution de la culture d’appareil à l’acculturation partisane le fonds commun des partis autorisés au-delà des lignes ténues de différenciation formelle.
En Algérie, et si le maintien artificiel de l’état d’urgence y est pour beaucoup, il n’explique pas tout, l’activité politique se signifie, toutes tendances égales par ailleurs, hors de la société éligible seulement aux communiqués de circonstance et ici et là à quelques polémiques trompeuses. De ce point de vue, il sera plus facile aux partis formellement d’opposition de charger – à raison sans doute – le régime autoritaire mais il leur sera plus difficile de reconnaître qu’ils (sur)vivent dans sa dépendance.
Faire le constat que, somme toute, l’indépendance a plus meurtri que nourri les libertés civiques et politiques signe le constat d’une double régression d’une part par rapport aux concessions que la puissance coloniale avait été contrainte de faire et d’autre part – et surtout – par rapport aux principes fixés dans la proclamation du 1er Novembre et qui faisaient de la libération nationale et des libertés le socle même du combat.
La «bunkérisation du régime, cette dernière décennie, sa stratégie de réactivation des solidarités segmentaires un temps révolues – zaouïas, notabilisme tribal, régionalisme, tentation dynastique – portent en elles le risque sérieux que la crise du régime autoritaire algérien ne se décline en crise des fondements mêmes de la nation. | |
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| Sujet: Re: La somme de toutes les émeutes Dim 23 Jan - 12:10 | |
| 4- Une crise éthique La censure du mouvement des idées , l’accouchement chaotique et marginal d’intellectuels légitimes aux yeux de la société rajoutent aux conformismes des allégeances et des clientélismes.
Penser et s’exprimer en Algérie reste un exercice paradoxalement nécessaire et souvent dérisoire qui défrise encore si peu les nouvelles conventions de l’inflation des signes extérieurs de religiosité et il sera difficile de faire l’impasse sur le silence des clercs dans l’état général de la société.
Le moindre des faits à relever est précisément que l’institution du référent religieux – y compris par le discours institutionnel tenté par sa substitution à la doxa nationaliste – n’en marque que plus spectaculairement le déficit éthique d’une société algérienne où la violence multiforme le dispute à la corruption, au népotisme, à l’inégalité des droits et des chances.
Le pouvoir corrosif des scandales touchant les élites dirigeantes doit être mesuré à l’aune de l’impunité d’une part, et d’autre part, d’une justice au mieux lourde et dure aux moins dotés.
Cet ensemble d’observations doit être croisé avec la charge endémique des violences de différents registres ou sédimentations qui rappellent à quel point, entre autres nécessités, l’exercice salutaire d’exorcisme des violences subies en situation coloniale – qui passe par la levée de la censure d’Etat sur les crimes de la colonisation – relève de l’urgence éthique et politique.
5- Le suicide par l’émeute L’Algérie, et c’est un truisme, n’est pas en paix et celle-ci ne saurait se confondre avec la quête obsessionnelle de la stabilité des institutions de l’Etat. L’état pré-insurrectionnel de janvier 2011 prolonge sans doute d’autres émeutes locales mais il s’en distingue parce qu’il porte en lui le plus assourdissant des appels au secours de catégories de la population, à qui toute forme de projection raisonnable dans l’avenir est, pour l’heure, objectivement interdite.
La réponse n’est pas dans une complaisante connivence avec l’informel – qui s’affiche dans les artères des villes algériennes – mais dans la remise à plat sans tabous de la gestion des affaires publiques. La harga, le suicide, l’émeute accusent l’indigence politique et morale de la classe dirigeante et l’institution militaire, qui en constitue le socle et le bouclier symbolique, devrait, elle aussi, en tirer les enseignements faute de quoi elle risque bien de devoir tirer sur les foules.
Abdelmajid Merdaci. Sociologue, historien. | |
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